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Stopper la prise d’antidépresseurs, un long processus. – Partie 3 de 3

Comme je l’expliquais dans la première puis la seconde partie de cette série, j’avais décidé d’entamer le processus de cessation de prise d’antidépresseurs.

Au début, je ne sentais rien. Ni physiquement ni mentalement. Puis, rendue à un certain palier, j’ai commencé à me sentir plus susceptible, plus anxieuse. Imperceptiblement, mais je m’en rendais compte. Il y avait aussi les fameux symptômes physiques de manque : pression basse, « coups » au cerveau, étourdissements. Mais puisque j’y allais lentement, ceux-ci étaient parfaitement tolérables. 

Puis, certaines émotions sont apparues. Elles avaient toujours été là, en hibernation, engourdies par la molécule chimique. Maintenant qu’elles étaient de retour, je n’ai pas eu le choix de les vivre. Alors, j’ai arrêté de diminuer pour quelques semaines et je me suis attaquée à la source de mes problèmes. J’ai lu des livres. Des tonnes de livres. De la psychologie, de la psycho-pop, de la psychiatrie. J’ai appris un million de trucs pour gérer, et guérir, divers symptômes de l’anxiété. 

J’ai pris des produits naturels, aussi. Pas n’importe quelle merde, mais je me suis informée à savoir ce qui était réellement efficace ou pas. J’ai essayé des choses, j’ai continué d’utiliser ceux qui fonctionnaient, j’ai cessé d’acheter ceux qui ne faisaient rien du tout. Puis, j’ai continué de diminuer, dix granules à la fois, une semaine par tranche de dix, parfois plusieurs semaines quand ça allait moins bien. Et, petit à petit, j’ai surmonté, et réglé une bonne fois pour toutes, les problèmes. Loin de moi l’intention d’écrire un roman de psycho-pop, voilà pourquoi je n’entre pas dans le détail des étapes et du comment j’ai fait pour me débarrasser de tel ou tel problème (mais si jamais vous aviez des questions à ce sujet, il me fera plaisir d’y répondre). 

Rendue à la moitié de la dose, j’ai stagné pas mal. J’en arrachais plus. Et puis, c’est parfois épuisant de bûcher constamment sur un problème. Des fois, j’avais besoin d’un break, d’arrêter de penser ou de chercher des solutions. Alors je restais à la même dose, longtemps. Puis je repartais.

Rendue à zéro, l’aspect « trouble panique » de mon trouble anxieux, qui jusque-là s’était tenu tranquille, a décidé de se réveiller et d’essayer de reprendre le dessus. Le trouble panique, comme le dit son nom, c’est d’être terrassé par des crises d’angoisse à la moindre occasion, souvent pour rien.

La respiration qui dérape, le coeur qui s’emballe, les mains moites, l’impression d’être coincé dans un étau dont on ne pourra plus jamais se libérer, la peur de mourir… Et là, le truc que j’ai trouvé, c’est d’arrêter de résister. Plus on résiste, plus l’angoisse est forte. Si on choisit d’accepter l’état de crise qui nous envahit, de faire face, et d’observer avec philosophie et intérêt les symptômes d’angoisse, paradoxalement, la crise s’estompe. D’une fois à l’autre, elle se fait de plus en plus petite. Jusqu’au déclic : RIEN NE PEUT M’ARRIVER. Rationnellement, mon cerveau le sait. Il faut simplement que mon corps accepte de l’assimiler. C’est un mauvais moment à passer, mais c’est aussi un investissement dans mon bien-être futur.

Je suis beaucoup plus zen qu’avant. Je ne m’en fais plus pour des niaiseries. Je ne m’accroche plus à des tourments obsédants. Je vis beaucoup dans le moment présent. J’ai confiance en moi, je suis sûre de moi, je ne m’inquiète plus du regard des autres. Par contre, j’ai encore un énorme problème d’irritabilité extrême (les arts martiaux m’aident beaucoup à me défouler). Est-ce que je m’aime? Wô minute. Pas encore… mais ça viendra. C’est essentiel au processus, je crois. 

Les situations inconfortables font partie de la vie et je ne peux pas essayer d’éviter toute souffrance, je ne peux pas faire comme si elles n’existaient pas. Aujourd’hui, s’il m’arrive de m’inquiéter, je ne gâche pas ma soirée pour autant.

Je ne suis toujours pas enceinte. Je ne voulais pas l’être avant d’être à zéro. Mais maintenant, je suis prête, et tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour mon futur enfant.

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