Mon chum a 45 ans. Moi, j’en ai 27, bientôt 28. Oui, nous avons 17 ans et demi de différence. Ça, ça fait presque un adulte québécois, entre nous. En fait, ça fait un jeune qui prie très fort pour ne pas se faire carter au dépanneur. Mais qui se dit qu’au pire, il pourra peut-être s’obstiner un peu. T’sais, c’est juste dans 6 mois qu’il sera légal.
Oui, il a moins de différence d’âge avec mes parents qu’avec moi (15 et 16 ans, respectivement). Oui, j’ai plus de différence d’âge avec son fils qu’avec lui (20 ans de différence).
Ouf. Ça commence à en faire, des chiffres, non?
Moi aussi, je trouve. Et je trouve qu’on s’en fait beaucoup pour « juste des chiffres ». Des calculs, des additions et des soustractions. En plus, je n’ai jamais vraiment aimé les maths. J’ai toujours préféré, et de loin, le français. T’sais, les mots. Leur sens et leur impact. Des paroles tendres. Des promesses qui se tiennent, des projets qui emballent. Des « Je t’aime » qu’on pense vraiment, viscéralement, chuchotés sur l’oreiller, avant de s’endormir et tiens, pourquoi pas, au réveil aussi. Parce que ça brûle, en dedans. Ça chatouille. Les mots veulent sortir tous seuls, sans qu’on puisse les retenir.
Les corps qui se cherchent, la nuit, et qui se détendent lorsqu’ils se trouvent, même si ce ne sont que deux pieds enlacés, une main posée sur une épaule dénudée.
Les rires qui éclatent pour pas grand-chose, parce qu’on est heureux, heureux d’être heureux, heureux d’être ensemble.
Les chicanes qui se pointent le bout du nez, avec la fatigue, le stress, l’irritabilité. Et qui se discutent, se règlent et s’enterrent dans le temps de le dire.
Les commissions qui sont plus agréables, juste parce que l’autre personne arpente les allées éclairées au néon de l’épicerie à nos côtés.
Les journées de travail qui semblent plus longues, parce qu’on n’a qu’une envie : rentrer à la maison pour se retrouver. Se regarder, rire, se chicaner. Se réconcilier.
L’amour, ça ne se justifie pas. L’amour, ça n’a pas d’âge. L’amour, ça se ressent au plus profond des tripes, ça se vit, ça donne envie d’être encore plus en vie.