Je suis grincheuse aujourd’hui. Albert est fatigué et au lieu de dormir, il chigne.
Quand je suis à bout, je sors sacrer dans l’entrée. Mon voisin, un gentil jeune anglophone, doit se demander qui est ce « tabeurnac di Cahowlis » dont je parle.
À la naissance d’Albert, une infirmière nous a donné un « cours » sur le syndrome du bébé secoué. Je lui ai dit « Tu viens me montrer comment le secouer ? ». J’fais des farces (douteuses) mais man, JAMAIS… je ne peux même pas l’écrire. Comment une personne pourrait…? J’ai posé la question à l’infirmière. Elle m’a répondu que souvent, les parents sont à bout, que les pleurs peuvent rendre fous… J’ai compris que c’était la seule réponse qu’elle pouvait me donner. Une professionnelle de la santé n’a probablement pas le droit de dire que si tu secoues ton bébé au point de lui causer des blessures, c’est parce que t’es une pourriture. Qu’y’en a pas, d’excuse.
Pensez-vous que j’suis pas à bout, parfois? J’ai un fils de six mois, une fille de deux ans ; ma vie se résume à m’occuper d’eux, tout en stressant à l’idée de retourner sur le marché du travail dans j’sais-pas-quel domaine. Pis j’ai d’autres problèmes. Mais mes enfants sont mes trésors.
On ne blesse pas les enfants, point. Malheureusement, d’après les nouvelles, y’a des gens qui ne sont pas au courant.
Toi, qui laisses ton nouveau-né mourir dans les poubelles : POURRITURE.
Toi, pédophile, qui traumatise un enfant et sa famille juste parce que tu avais envie de lui montrer ta graine, toi qui est trop pussy pour dealer avec les gens de ton âge : POURRITURE.
Toi, kidnappeur d’enfant qui arrache une petite âme à sa famille, toi qui s’en sacre de briser tout ce qu’il y a de merveilleux : POURRITURE.
Toi, qui bats et tortures ton propre enfant, toi qui l’as mis au monde pour lui faire vivre l’enfer : POURRITURE.
Toi, consommateur, distributeur et producteur de pornographie juvénile : POURRITURE.
Toi, cruel personnage dont le regard apeuré d’un enfant t’a laissé indifférent : POURRITURE.
Je pense à Cédrika, Olivier, Anne-Sophie, Brianna (Son histoire me hante depuis deux ans. Âmes sensibles s’abstenir.) et à tant (trop) d’autres petites étoiles.
Il n’y a AUCUNE excuse : un enfant, c’est fait pour être aimé, accompagné, valorisé. Pourritures, lâchez les enfants.
Et vous, avocats qui plaidez pour ces pourritures parce que c’est votre job, vous dormez bien, la nuit? Mieux que tous les enfants blessés par ces pourritures que vous défendez? Vous vous rappelez les berceuses que votre maman vous fredonnait doucement lors de votre enfance? Ces mêmes berceuses que les enfants de vos clients n’entendront jamais?
Janvier 2014, dans un taxi. Le chauffeur était absorbé par l’émission de radio qui traitait de l’affaire Guy Turcotte. Soudainement, il s’est mis à crier: « TOUT ÇA, C’EST LA FAUTE DE CETTE ESPÈCE DE CONNE, L’AMIE DE LA SALOPE QUI NE S’EST PAS MÊLÉE DE SES AFFAIRES ET A DIT À TURCOTTE QUE SA SALOPE LE TROMPAIT! SI ELLE S’ÉTAIT MÊLÉE DE SES AFFAIRES, IL N’AURAIT JAMAIS TUÉ SES ENFANTS!». Il était si agressif, c’était terrifiant.
J’étais enceinte d’Albert et j’avais la larme facile. Au lieu de le kicker dans tête et de partir sans payer, comme Marie-Ève-Saucier-Non-Gestante l’aurait fait, je n’ai rien dit. J’ai payé, sans laisser de pourboire (#badass) et ai retenu mes pleurs jusqu’à ce que je descende.
Chaque fois que j’entends une histoire d’horreur où une pourriture abîme un enfant, je pleure. J’ai mal ; mal comme je ne saurais dire. Je voudrais les sauver tous, j’aurais voulu les sauver tous, je ne pourrai tous les sauver.
À vous, petites âmes qui ont souffert, soyez bien dans cet ailleurs. Et à toutes celles qui souffrent et qui souffriront ; je suis désolée qu’il y ait tant de pourritures ici-bas.
Pourritures, lâchez les enfants.