Mission accomplie : quand le deuxième accouchement devient un scénario de rêve.
Paule Vermot-Desroches « Et l’Oscar du meilleur film est remis à… Birdman! »
Dimanche 22 février, très tard le soir, alors que Michael Keaton et sa bande grimpaient sur scène à Los Angeles, moi je grimpais sur mon ballon devant ma télé pour tenter de faire avancer le travail. J’avais des contractions depuis quelques jours, mais jamais au point où je devais démarrer mon calculateur de contractions sur le Iphone.
Je l’ai déjà écrit dans mon premier récit d’accouchement, j’avais des craintes, mais surtout des désirs pour ce second accouchement. Ne pas avoir recours à la péridurale en faisait partie. C’est la première chose que j’ai dite au médecin en me pointant en obstétrique, vers 2 h du matin, le sourire fendu jusqu’aux oreilles.
Il y avait de quoi sourire, puisque les contractions s’enduraient tellement bien que j’en faisais des blagues à mon chum. Rien à voir avec le travail provoqué, deux ans et demi plus tôt. On a même versé une larme tous les deux en entendant la dernière poussée de la voisine de chambre, puis les premiers cris du petit loup qui venait de voir le jour au beau milieu de la nuit.
Vers 3 h du matin, le vrai travail a débuté. Déjà dilatée à 4 cm, il m’aura fallu plus de 2 h 30 pour ne gagner qu’un tout petit centimètre. Hop, un petit tour dans le bain pour tenter de faire avancer le tout. À mon retour à la chambre, il faisait déjà jour. Moi qui rêvais d’être dans mon lit à 8 h du matin à manger des toasts d’hôpital en regardant mon nouveau bébé, ça allait attendre.
À 6 cm, après plusieurs heures de travail, je dois admettre que j’ai failli flancher. Je voulais juste du repos, que mon corps puisse souffler un peu. Je ne dirai jamais assez merci à mon médecin qui m’a proposé une alternative, ne s’en remettant pas à la péridurale et respectant mon choix de départ, même si je n’avais plus la présence d’esprit de me rappeler ce que je voulais vraiment.
Simone a relevé la tête à peine dix minutes après être venue au monde, comme pour me regarder dans les yeux.
Une shot de fentanyl pour pouvoir me reposer un petit 45 minutes et nous étions repartis de plus belle pour le marathon. À 8 h du matin, le travail achevait et l’infirmière encensait ma technique de respiration apprise lors d’une formation Bonapace. La douleur contrôlée par la respiration m’amenait comme en transe, capable de gérer chaque contraction, mais aussi de ne pas appréhender trop la prochaine.
« Docteur, ça pousse! J’ai envie de pousser! » Les membranes ont lâché naturellement à 10 centimètres. Un marteau-piqueur m’a alors traversé le corps, et tout l’étage a entendu l’intensité des derniers milles. Mais au bout de seulement trois poussées, mes mains sont allées chercher Simone qui venait de sortir et qui s’est affalée sur mon ventre, en tentant déjà de relever la tête, comme pour me dire « good job maman, on a réussi »!
Je n’ai pas gagné d’Oscar, ce 23 février au matin, mais je suis allée au bout de ce que l’être humain fait de plus beau : donner la vie!
Je vous présente Simone Roy