Dans mon temps, c’t’ait wild.
Le vendredi, toutes les heunes de Val-d’Or allaient au Belvé pour faire le party, pis c’était malade. On rentrait à la maison, bien pétés pis bien doucement, pour ne pas réveiller nos parents. Fallait vraiment pas faire de bruit, sinon, ils allaient nous pogner pis y’allaient péter leur coche.
À cette époque (« À cette époque »? My god, j’ai 94 ans!), je trouvais donc que mes parents s’énervaient pour rien. Leur classique « Quand t’auras des enfants, tu comprendras pourquoi on te surveille. » ne s’appliquerait jamais à moi. J’allais être cool avec mes kids, yo!
Mais ciboulot qu’j’avais tort! L’idée que Livia suive mes traces d’adolescente me donne envie de magasiner des serrures hardcore, genre cachot médiéval pour sa porte de chambre. Mes parents se sont peut-être dit la même chose, mais ils ne l’ont pas fait. Était-ce parce que ce n’était pas légal dans les années ’90? Et est-ce que ce l’est, maintenant?
Je suis peut-être naïve, mais j’ai l’impression que ma fille ne pourra JAMAIS « m’en passer une
vite. » Parce que je sais. Parce que j’ai tout vécu. J’ai même souvent ri en m’imaginant la faire badtrip lorsque je me rendrais compte qu’elle aura fumé un joint. Je chuchoterais son nom et lorsqu’elle me dirait « Quoi? », je lui répondrais « J’ai rien dit. Voyons, qu’est-ce que t’as? Ça fait trois fois que tu me dis Quoi? Ça va? ».
Il y a une grande marge entre imaginer et vivre, quand il est question de dealer avec SON ado dans un état second. Je ne crois pas que je pourrais en rire.
En tous cas, ma mère, elle, n’a pas ri lors d’une certaine heure de dîner. Avant de manger, ma logique de fille de quatrième secondaire m’a fait entreprendre le brillant projet de consommer des drogues dures, live, dans la cafétéria. Les seuls souvenirs que j’en ai gardés : discuter avec une toilette et me ramasser dans le bureau de la directrice.
Lorsque je suis revenue à moi, cette dernière venait d’appeler ma mère afin de l’aviser de mon état. Ma pauvre maman a dû quitter son bureau pour récupérer sa fille chérie et la déposer chez sa grand-mère (parce que, contrairement à moi, sa journée n’était pas terminée)! J’ignore comment elle lui a expliqué ça, mais Grand-Maman allait passer un après-midi ben, ben, wild.
Ma mère devait halluciner (pas autant que moi, j’vous en passe un papier)! La peine, la déception, la peur, le questionnement quant à la punition adéquate… Sorry, Mom. J’ai été suspendue de l’école pour deux semaines (quelle punition de marde! Deux semaines de « congé » pour avoir consommé des drogues dures, REALLY, madame la directrice?!?). Mom m’a fait nettoyer la maison de fond en comble, et chaque midi, elle venait s’assurer que ça avançait. Elle a également éliminé le mot
« sortie » de mon vocabulaire.
Qu’est-ce qu’elle aurait pu faire de plus? Et si je vivais cette même situation avec Livia? Qu’est-ce que je ferais, ou devrais faire? C’est facile, dire « que JAMAIS elle ne pourra m’en passer une de même parce que j’vais la voir venir », mais t’sais, ma mère ne m’a pas parlé de son adolescence. Peut-être que Grand-Maman a dû la ramasser quelque part à cause d’une de ses niaiseries.
Je sais que ça arrivera. Peut-être en version plus soft, mais ça arrivera. Et si je suis toujours chroniqueuse à TPL Moms, je viendrai vous y demander conseil, car j’en aurai besoin. D’ici là, vos expériences et idées sont les bienvenues (VRAIMENT).