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Se sentir coupable d’aimer travailler : quand le retour au boulot réveille des sentiments contradictoires.
Crédit: JD Hancock / Flickr

Il n’y a rien comme un petit formulaire à signer pour te ramener la réalité en pleine face. Un formulaire pour inscrire ma cadette à la garderie, pour être plus précise. Je dois dire que cette fois-ci je me suis fait prendre totalement par surprise. J’ai l’impression d’avoir accouché hier. Cliché, mais tellement vrai.

Aujourd’hui, alors que je passe une journée particulièrement collée-collée avec Cocotte, je réfléchis beaucoup à mon retour imminent au travail. C’est la deuxième fois que je vis ce grand changement, et je pense le voir d’un meilleur oeil cette fois. 

À propos de la culpabilité…
Quand mon aînée a commencé la garderie et que je suis retournée au travail, j’ai ressenti beaucoup de culpabilité au départ. Je me sentais mal d’aimer travailler, et d’y retourner d’abord pour cette raison. 

Plusieurs me questionnaient sur ce grand changement et voulaient savoir comment se passait la transition. « Elle doit te manquer, tu dois t’ennuyer! » « Tu dois trouver ça difficile de la confier à quelqu’un d’autre à tous les jours. » « Tu n’as pas peur qu’elle fasse ses premiers pas à la
garderie? » Ces commentaires, bien que dits sans une seule once de mauvaises intentions, me suggéraient que je devais probablement revenir au boulot à reculons, alors que ce n’était pas le cas. 

C’est en effet à la garderie que ma grande les a faits, ses premiers pas. Est-ce que j’ai eu le coeur gros? Bien sûr que oui. Mais d’un autre côté, c’était écrit dans le ciel que c’est là que ça se passerait en premier. Mère poule comme je suis, elle se sentait probablement plus confiante pour les faire là-bas. Est-ce que ça fait de moi une mauvaise maman? Non.

J’ai beaucoup apprécié mes congés de maternité. Ils ont rempli mon coeur de souvenirs tellement précieux. Mais peu à peu, alors que l’horaire tend vers la normale et que nous retrouvons un peu notre équilibre, le travail me manque. Le désir de me réaliser sur le plan professionnel ressurgit.

Je n’ai pas de raison de me sentir coupable d’aimer travailler. Rester à la maison n’est pas une option pour moi. Quand je travaille, je ne suis pas chez moi physiquement tout le temps, mais quand je le suis, je suis TOUTE là. 

Bien sûr, ça ne rend pas mon retour au travail plus facile pour autant. Nous devrons quand même faire la transition. Je dois aussi faire le deuil de mon petit bébé fille qui est en train de devenir grande. Le deuil d’étirer les matins pendant trois heures en pyjama, des repas élaborés et de notre maison passablement propre. Et est-ce qu’il m’arrivera de m’ennuyer de mes filles? Oui. Il n’y a rien de parfait.

Et papa, lui?
Chéri, lui, m’appuie totalement dans mon désir de retourner travailler. D’ailleurs, toutes ces décisions, nous les prenons à deux. Nous avons choisi que c’est moi qui prendrais les congés parentaux, parce que c’est ce qui nous convenait à nous. Mais il a lui aussi fait des choix côté carrière pour que mon retour au travail se passe bien. Pour que nous passions le plus de temps possible en famille et que les filles en passent le moins possible à la garderie.

Chéri et moi, nous avons des carrières similaires, dans le même domaine. Pourtant, je n’ai vu personne lui faire de commentaires lorsqu’il est retourné au travail après quelques semaines passées auprès de nous. Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi il y a tant de pression sur les mamans à propos de la question : travailler ou rester à la maison? Si les femmes ont gagné du terrain sur le marché du travail, je me demande à quel point les hommes en ont gagné dans la maison. Ne font-ils pas eux aussi partie de la solution de la conciliation travail-famille?

Laisser son enfant à quelqu’un d’autre.
Nous avons trouvé LA perle pour s’occuper de nos filles. Avoir l’esprit tranquille en confiant la prunelle de nos yeux à une autre personne, ça n’a pas de prix. Nous nous faisons parfois demander si c’est difficile pour nous d’admettre que nos filles sont bien avec quelqu’un d’autre. Pas du tout. C’est en fait le meilleur des scénarios. Si nous ressentons tous les deux le besoin de nous réaliser sur le plan professionnel, nous ne pouvons demander mieux. 

Donc, bientôt, je retournerai sur le marché du travail. J’aurai le coeur gros, ce sera une adaptation pour toute la maisonnée, mais ce sera pour le mieux parce que c’est la solution qui nous convient à nous. 

D’autres parents se sont sentis coupables comme moi d’aimer travailler?  

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