Ça fait longtemps que je joue avec l’idée d’écrire ce texte, mais il y a toujours une raison qui m’empêche de le faire : ma fille. Pas ma fille d’aujourd’hui. Elle, elle ne sait pas lire et elle est encore insouciante. Je parle plutôt de ma fille dans quelques années. Celle qui sera consciente, émotive et qui pourrait prendre connaissance des textes que sa mère a étalés aux yeux de tous. Celle qui ne comprendra peut-être pas la délicatesse, mais aussi la réalité de la situation.
Il n’y a pas mille manières de retourner la phrase et pour ceux qui me l’ont si souvent demandé, vulgairement dit : oui, elle n’était pas voulue. Voilà. C’est dit.
Du moins, pas dès le début.
Je suis tombée enceinte après un petit mois de fréquentation. Une relation amoureuse, respectueuse et unique certes, mais une relation fragile et fraîche. J’avais la certitude de notre amour, mais aucune assurance sur sa longévité et sur le futur de la chose qui poussait à l’intérieur de mes tripes. C’était stressant et parfois même gênant.
« Ah ouin… c’est qui le père? » ou encore « Oh wow… Est-ce que tu vas le garder? » sont les mots que j’ai reçus souvent au lieu du classique « Félicitations! ».
Au même moment, j’étais à trois mois de terminer mes études. J’étais à la croisée des chemins de moments hyper importants dans ma vie; un mélange assez intéressant de stress, nausées, pression, confusion et douleurs.
« Est-ce que tu vas terminer tes études? » était mon « Quand est-ce que tu arrêtes de travailler? »
Après deux DEC, je venais de trouver ce que je voulais faire de ma vie. J’avais les dettes qui viennent avec les études et je me retrouvais enceinte d’un gars que je connaissais à peine. À 1000 km de mes parents. Je venais de perdre ma job et ma mère m’aidait encore à payer trop de choses. Pis en plus, j’étais s’ul party, comme ils disent.
Crédit : Bonne question!
J’avais l’impression d’être complètement à l’opposé du bon moment pour avoir un bébé.
L’attente m’a semblé interminable de la pire façon possible et l’arrivée de ma fille a bouleversé ma vie, dans tous les sens du terme. J’avais la gueule grande ouverte en la voyant pour la première fois, comme mon souvenir de son père avec le test positif dans ses mains, neuf mois plus tôt.
Je n’avais aucune idée de ce que l’avenir nous réservait, je ne savais pas si notre couple allait durer et encore moins si j’allais être une bonne mère. Je savais que je l’aimerais plus que tout et que même si elle n’avait pas été prévue, elle a toujours été la bienvenue.
Je savais que ma vie ne serait plus jamais la même, mais jamais j’aurais pu imaginer à quel point ce serait incroyable.
Je sais, c’est kitsch à mort de dire et redire à quel point c’est merveilleux d’être mère… mais c’est tellement vrai. Cet enfant a donné un sens à ma vie, m’a sortie d’une routine merdique dans laquelle je m’étais installée trop confortablement. Son arrivée a éveillé en moi une envie d’être meilleure, de grandir et apprendre de mes erreurs. Elle m’a encouragée à devenir adulte sans perdre mon coeur d’enfant. Elle m’a appris à être patiente et résiliente.
Elle m’a appris que le moment parfait pour un enfant, pour moi, c’était le moment où elle a été créée. C’est le moment de notre rencontre, du début de notre famille. On apprend encore à s’apprivoiser à tous les jours et c’est vrai, c’est rarement facile.
Ce qui est facile, par contre, c’est de s’aimer.
Comment avez-vous géré l’arrivée d’un bébé surprise dans votre vie? Et votre entourage?