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Quand le cancer frappe un membre de sa famille.
Crédit: Anne-Marie Pepin

J’aurais aimé ne jamais écrire ce billet, ni même effleurer cette possibilité. Mais quand la vie décide que ton heure est venue, il ne reste qu’à s’incliner et essayer d’accepter.
 
Le cancer m’a arraché mon père alors que j’entamais mon adolescence. Je n’étais qu’une petite pousse d’humain à qui l’on avait déjà coupé une partie du cœur. Bien sûr, il y a eu le long processus du deuil, de la souffrance et de la réhabilitation. Ma mère est devenue mon roc, le tuteur qui m’a permis de m’ériger bien droite et de devenir l’adulte que je suis aujourd’hui. Ma mère est cette femme forte qui perçoit les failles, les prend sur son cœur et les transforme en expériences positives. Comment ai-je pu penser qu’elle me serait éternelle?
 
La nouvelle a frappé comme un coup de poignard dans le dos, celui qu’on n’attend pas et qui nous assaille sournoisement. Le CANCER, pas encore, pas une deuxième fois, pas moi, pas nous! Qu’ai-je fait à la vie pour qu’elle se dérobe ainsi? J’aurais dû être une meilleure personne, accorder plus de temps à ma mère, prendre soin d’elle, la gâter… Toutes ces interrogations et remises en question me ravagent de l’intérieur. Et si j’avais le pouvoir de changer les choses et renverser le verdict? Je sais qu’à part donner du temps, de l’écoute et du support, je suis bien impuissante face à la mort.
 
Tout le monde nous demande d’être fort, de braver ces intempéries, les épaules dressées et la tête relevée. Pourquoi est-il inconcevable d’être vulnérable? Pourquoi me demande-t-on de rester optimiste alors que ma mère se meurt? Est-il permis de souffrir, d’avoir peur, de pleurer sa pauvre existence, de se coucher en boule et de vouloir y rester? Pour une fois dans ma vie, je ne veux pas être forte, je veux demeurer l’être sensible et compatissant que j’ai toujours été. Je m’accorde le droit de penser que la vie est injuste, que m’enlever mon dernier pilier est cruel et que j’en ai plus qu’assez que la vie me challenge.
 
Est-il démesuré d’espérer la paix? Les prochains jours, semaines, années seront difficiles pour nous. La maladie est toxique et pénible à apprivoiser, elle nous laisse un gros vide, mais elle ne peut pas tout ravager, car il nous reste l’espoir.
 
Maman, tu sais à quel point je t’aime, je suis et serai toujours là! Je suis terrorisée, je sais que toi aussi, mais tant qu’il nous reste l’espoir, ils ne nous auront pas tout pris.
 
Avez-vous à vivre avec la maladie d’un proche? Vous donnez-vous le droit d’être affecté?
 

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