Brin par brin le filet social est défait – Quand le gouvernement prend les familles et ses employés pour cible.
Emilie Sarah CaravecchiaRappel : j’ai des opinions politiques bien tranchées. Je ne fais pas semblant d’être objective. Je ne le suis pas, ça et j’ai une très mauvaise poker face.
Au début de l’hiver, à la blague – mais pas tant –, j’ai écrit sur Facebook que je commençais à être susceptible parce que je pensais que le gouvernement en avait contre MOI, personnellement. Oui, oui! Personnellement!
Prof de littérature française au cégep, mère de 2 enfants (garderie et école), dans la classe moyenne, je me sens « un peu » visée par pas mal TOUTES les mesures d’AUSTÉRITÉ.
Au travail : les coupes dans le réseau collégial sont en train de m’empêcher de faire mon travail. Les bonzes de Québec alourdissent ma tâche de prof, veulent m’enlever notre autonomie professionnelle, coupent dans les services d’aide aux étudiants, envisagent (c’est un secret de polichinelle) la privatisation du réseau, veulent faire disparaître la formation générale au profit d’un enseignement uniquement dirigé selon le bon vouloir des entreprises. La littérature et la philo qui a besoin de ça!? Pfff!
Mes enfants : juste pour énumérer toutes les coupures qui touchent les enfants, il me faudrait faire 20 billets! En fait, TOUT est coupé! TOUT! Pensez à quelque chose au hasard lié à la petite enfance, à l’école primaire ou au secondaire, c’est coupé! Facile de même. Une nouvelle coupe fait les manchettes toutes les semaines : RQAP, CPE, services de garde dans les écoles, augmentation du nombre d’élèves par classe, surcharge de travail des enseignants, j’ai même lu des coupes dans le chauffage (pays nordique, just saying!), etc.
Ma vie en société : coupes dans la culture, en santé, l’abolition des programmes des milieux communautaires, le désir même pas voilé de privatiser Hydro-Québec.
Au nom du sacro-saint « équilibre budgétaire », notre gouvernement sacrifie notre justice sociale.
Faites des enfants qu’ils disaient! Ils sont l’avenir de notre société!
YA RIGHT! Prouvez-le-moi, parce que là, je ne vous crois plus.
Je dis ça comme ça, en revenant sur l’éducation, mais peut-être qu’on devrait, pour vrai, donner aux enfants la chance d’étudier dans les meilleures conditions possibles, dans un réseau d’écoles publiques fort, en santé et entièrement financé par l’État. On devrait se donner ça comme cadeau « À nous. De nous, avec amour ». On devrait s’offrir une société éduquée.
Mais, je sais. Plus la plèbe est ignare, plus le pouvoir est heureux. De toute façon, il n’aime pas ça consulter et se faire dire quoi faire, ce gouvernement néo-libéral. (Vive notre démocratie qui en est moyennement une!) Oh! Et j’inclus mon bon ami Harper dans le lot. T’sais pas de jaloux, comme ça.
Crédit : Cara
Sans blague, je me sens visée.
Moi, ma famille, mes amis, mes collègues, mes connaissances, bref tous ceux qui, de près ou de loin, sont touchés par toutes ces coupes qui défont fil par fil notre filet social, qui détressent une à une les cordes qui unissent notre société, qui dénouent les fibres qu’on pensait si solides, tous, nous nous sentons devenir un brin froissés en lisant le journal.
En fait, plus j’y pense, plus je me dis que ce sont TOUS les QUÉBÉCOIS qui devraient avoir cette impression, enfants, pas d’enfants, jeunes, pas jeunes, riches, pas riches. Je dis ça. Juste comme ça. Juste au cas. Tout à coup qu’on me lirait. Tout à coup que d’autres rêveraient d’une belle grande société juste et fraternelle.
Par quelle(s) coupe(s) du gouvernement en place, vous sentez-vous le plus visées?