J’ai pas peur de le dire, tu étais mon meilleur ami. C’est toujours toi que j’appelais quand ça n’allait pas bien ou que j’avais une bonne nouvelle. On était soudés, tissés-serrés.
C’est probablement pour ça que ça a fait si mal en dedans quand j’ai dû te laisser aller.
Je perdais mon repère, mon confident, mon ami, mon grand frère. Ça fait beaucoup en même temps. Ça fait toujours mal encore aujourd’hui.
Qu’est-ce qui s’est passé? Pourquoi tu t’es trompé de chemin? Pourquoi t’arrivais pas à m’entendre quand je te disais que tu avais besoin d’aide?
C’était pas nécessaire de prendre toute cette shit. Fallait pas grand frère. À cause de ça, je ne sais plus qui tu es.
Je sais que j’y ai cru. Très fort. À chaque fois que j’ai été te reconduire en centre de thérapie avec papa et maman. Chaque fois, dans mon cœur, je te voyais aller mieux. M’appeler pour me dire que t’étais fier d’avoir réussi et que t’allais te prendre en main.
Au lieu de ça, tu trouvais une façon de te faire mettre à la porte. Tout saboter pour recommencer à zéro.
Je sais que tu avais l’âme malade.
Toutefois un jour, pour moi, ça a été trop loin.
Puis ma psychologue de l’époque a prononcé ces trois mots : couper les ponts.
Pis j’ai braillé, vraiment beaucoup.
Pis j’ai lu des livres, pis j’ai réussi à en parler un peu à mes proches.
Parler de ce que ça me faisait vivre.
Accepter de ne pas être la bonne personne pour t’aider et devoir te laisser t’en sortir.
Je devais couper les ponts pour mieux reconnecter avec moi-même et me refaire des forces. Notre réalité familiale avait fragilisé la femme déjà sensible que je suis. Il ne fallait pas aller plus loin. Je devais prendre un grand bol d’air sans toi. Sans papa et sans maman.
Pour me redéfinir en dehors du noyau familial.
L’affaire la plus difficile que j’ai eu à faire de ma vie.
Vous avez tous eu l’impression que je vous abandonnais. Vous me l’avez verbalisé.
Je m’en suis même voulu un bout.
Pis là je suis fière en maudit de l’avoir fait. Je sais plus que jamais qui je suis et je connais les forces qui m’habitent.
Mais toi, après toutes ces années, qui es-tu? Où es-tu? As-tu trouvé ton bonheur?
Je pense à toi grand frère. J’espère encore qu’un jour, mes enfants te rencontreront. Ha, oui! Je suis maman de deux beaux enfants. Tu les aimerais j’en suis certaine!
En attendant, prends soin de ton âme ok?
Ta petite sœur
Vivez-vous une relation familiale toxique? Avez-vous songé à couper les ponts?