« Tu vas voir, ça passe vite! »
Cette phrase. Pas ma préférée.
Mais maudit, c’est vrai, qu’ça passe vite! Je m’en rends vraiment compte depuis l’arrivée d’Albert, mon deuxième. Il fait des choses qui me rappellent de doux moments avec Livia que j’avais complètement oubliés.
Je dépose ici quelques-uns de ces moments, pour les protéger contre le temps. Et aussi, je l’avoue, pour les partager avec vous. On aime ça parler de nos enfants nous autres, les p’tites mères!
D’abord, mon Albert, mon immense petit bébé.
À dix mois, il pèse trente livres : 99,9ième percentile, merci bonsoir. Mais il a la voix la plus aïgue du monde. Il ne peut résister à danser sa vie lorsqu’il entend un beat de Wu Tang ou les sélections musicales de Météomédia.
Crédit : Marie-Ève Saucier
Livia, ma poupée d’amour.
À ce jour, elle n’a jamais dit « fesses », « derrière » ou « foufounes ». Elle dit « foufousses ». Lorsque son père ou moi quittons la maison, elle nous rappelle toujours (en criant par la fenêtre ou dans l’entrée) de faire attention aux crabes et aux escargots. Elle ne tolère pas la musique en voiture. Car ça lui fait mal aux oreilles. Elle m’appelle « Maman » SAUF lorsqu’elle est avec sa cousine Charlie. Elle m’appelle alors « Marie-Ève ». Ça a commencé alors que je leur ai sommé d’arrêter de se chicaner. Livia m’a dit « Fâche-toi pas, Marie-Ève. »
Livia n’aime pas qu’on insiste pour qu’elle fasse ceci ou cela. Elle me l’a fait savoir l’hiver dernier, quand je lui ai dit (pour la xième fois) qu’elle devait aller prendre son bain. « Commence pas, maman. » Et lorsqu’elle sent que c’est moi qui s’impatiente, elle me demande si je suis contente de la voir. Chaque fois. Quand maman lui refuse quelque chose, Livia demande à Papa. En chuchotant. Très fort. Alors que je suis juste à côté.
Je deviens nerveuse lorsqu’une personne asiatique s’assoit près de nous dans un autobus. Car chaque fois, elle la pointe en criant « Oh non! Elle est malade! Elle veut sa maman! » Chaque pet a son histoire, selon Livia. Elle se doit de nous rapporter chaque vesse, dans ses détails.
Une fois, elle m’a dit qu’elle irait trouver mon papa dans le ciel, avec ses ailes. J’ai pleuré en cachette. Cette fois-là et une autre, après que je me sois excusée d’avoir haussé le ton pour une raison ridicule. Elle m’avait alors serrée très fort dans ses bras et m’a caressé les cheveux en me disant « C’est pas grave. » Cette enfant.
Je veux aussi me rappeler que chaque soir, en les mettant au lit, je dis un mot gentil à mes enfants. Je leur rappelle un truc drôle qu’ils ont dit ou fait. Les peurs qu’ils ont surmontées. Leurs petites victoires. La douceur de leurs gestes. Que (presque) chaque nuit, brûlée ou pas, je me lève pour m’assurer qu’ils n’aient pas trop chaud, ni trop froid. Que je suis consciente que j’ai fait et ferai des erreurs. Et que lorsque que je fais des erreurs, je m’excuse. Et j’essaie de faire mieux.
Quelles sont les petites choses que vous avez peur d’oublier?