Je sais, je me répète, mais j’aime beaucoup les livres de type encyclopédique. J’aime apprendre et j’aime l’idée que mes enfants aimeront ça autant que moi. Du moins, je fais tout pour susciter leur curiosité.
 
Avec le livre Nous, notre histoire, Yvan Pommaux et Christophe Ylla-Somers1 plongent leurs jeunes lecteurs dans la grande histoire de l’humanité. Oui, oui ! De l’humanité entière, pas juste l’histoire des Occidentaux racontée selon le point de vue des Occidentaux.

En fait, c’est exactement là qu’ils ont su captiver mon attention. Pour une rare fois, j’avais un livre intelligemment écrit, accessible aux plus petits et qui racontait chronologiquement toute l’histoire des êtres humains sans prendre position explicitement. Plutôt, ce livre explique aux enfants que l’Histoire (avec un grand « H ») est toujours racontée selon le point de vue de son auteur. L’histoire peut changer et son narrateur est bien peu souvent objectif.
 
Le truc enfin révélé, les petits peuvent désormais être critiques devant les histoires qui leur sont racontées.
 
Dans des mots simples, les auteurs racontent aux enfants ce que moi, j’enseigne quand je fais lire L’Espèce fabulatrice de Nancy Huston à mes étudiants.

Vous dire que j’étais enchantée serait un très gros euphémisme.
 
Les enfants apprennent à voir l’humanité selon le point de vue des autres cultures et nations. Dans ce livre, on raconte l’histoire de la Chine, des pays scandinaves, de l’Inde, du Moyen-Orient, de l’Afrique et de l’Amérique. Bien entendu, il est évidemment question de l’histoire des Occidentaux, l’histoire mondiale ne peut être faite sans qu’il soit question d’eux.
 
Ce faisant, les enfants découvrent que les humains qu’ils soient blancs, noirs, asiatiques, autochtones, blonds, roux, bruns, frisés, name it, eh bien, que nous les humains avons tous la même origine et que nos différences physiques sont le résultat du climat sous lequel nos ancêtres ont vécu.
 
Les enfants apprennent également que les différences de classes sociales, que celles entre les hommes et les femmes, que l’esclavagisme, que les religions, que tout ça, ce sont des créations de l’esprit des humains et qu’il n'y a aucune explication naturelle pour qu’il en soit ainsi.
 
Bam! Tous naissent libres et égaux en droit!
 
Enfin, la dix-huitièmiste en moi ne pouvait faire que des roues latérales de bonheur en voyant toute l’importance accordée à l’esprit des penseurs des Lumières de qui découlent l’idée de l’égalité entre tous les humains. J’ai aussi cru m’apercevoir m’agenouiller devant le livre quand j’ai vu le dessin de L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert ! #DixHuitièmeSiècleRepresent
 

J'ai toujours rêvé de faire un truc comme ça! 
Crédit : Cara

Je terminerai ce billet en soulignant une autre originalité du texte : l’histoire humaine est racontée sans que la lumière ne soit dirigée sur les grands souverains, politiciens, tyrans que le monde a connus. Les projecteurs sont plutôt tournés vers « nous » et ça fait du bien !
 
Une petite place est réservée aux grandes et aux grands de ce monde à la toute fin : seuls un dessin et une petite notice biographique.
 
Pour le reste, les enfants sont amenés à se questionner sur la nécessité de connaître l'Histoire pour ne pas commettre à nouveau les erreurs humaines passées.

Que pensez-vous d'une encyclopédie comme celle-là pour vos enfants ?

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1 Yvan Pommaux et Christophe Ylla-Somers, Nous, notre histoire, L'école des loisirs, Paris, 2014.