Simone, c’est le cœur en miettes que je t’écris cette lettre.
Parce que je suis désolée. Désolée que ta maman et ton beau-papa ne nous voient pas tous comme une famille. Qu’ils veulent pour toi deux familles bien distinctes, avec des parents qui n’ont aucune complicité ni rien en commun.
Je suis désolée qu’ils refusent que nous nous réunissions tous pour ton anniversaire, afin que tu puisses voir tes quatre parents unis dans un même but : ton bonheur.
Je suis désolée qu’ils affirment vouloir ton bien-être, alors qu’ils prennent des décisions te concernant uniquement pour le leur.
Je suis désolée qu’ils disent des grossièretés sur ton papa devant toi, puis nient l’avoir fait.
Je suis désolée que tu aies à te sentir comme je me sentais moi-même, adolescente, cachée dans ma garde-robe pour parler à ma mère sur mon cellulaire, mon père refusant que j’utilise son téléphone de maison pour communiquer avec elle.
Je suis désolée que tu grandisses dans deux systèmes familiaux bien distincts, alors que j’aurais tant souhaité que tu ne te sentes jamais tiraillée.
Je suis désolée pour ta maman et ton beau-papa de savoir que tu auras un petit frère ou une petite sœur, du côté de papa et de moi, sachant que tu refuseras de mettre un « demi » devant.
Je suis désolée pour eux de les savoir si malheureux qu’ils n’arrivent plus à voir que c’est ton bonheur qui doit passer en premier. Je suis désolée de les savoir si envahis par une détresse qu’ils n’arrivent pas à voir que ce qu’ils pensent bien pour toi ne l’est pas du tout, que cela ne vise que l’apaisement de leur douleur.
Je suis désolée pour eux qu’ils aient du mal à accepter que nous ne soyons pas eux, que nous soyons nous, uniques et surtout, bons parents.
Simone, je ne te ferai jamais lire cette lettre. Parce que je refuse que tu te sentes en conflit de loyauté, que tu en veuilles à ta maman et à ton beau-papa ou à ton papa ainsi qu’à moi.
Je veux que tu grandisses avec une seule certitude : nous t’aimons plus que tout. Même si nous, adultes, sommes parfois (souvent) maladroits. Tu n’y es pour rien.