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Papa valise.

Félix Cauchy-Charest
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Papa valise.
Crédit: Félix Cauchy-Charest

Ma vie a changé quand j’ai vu la tête de kiwi ensanglantée de mon fils émerger du corps de ma blonde. Rewind. Salut, moi c’est Félix, je suis un grand papa (dans le sens de 6 pieds 7 pouces) d’un petit garçon de deux ans et demi et d’une imminente petite fille. Je suis militant et conseiller syndical acharné. Gestionnaire de communauté pour la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), je suis passionné des questions du travail, plus particulièrement de sa conciliation avec les autres affaires de la vie.

Mon amoureuse, mon Alphonse et ma petite « Pas de nom encore » sont les êtres les plus précieux de ma vie. Mais ça n’a pas toujours été ainsi (sauf pour mon amoureuse bien entendu!).

Si seulement l'accouchement s'était passé aussi vite!
Si seulement l’accouchement s’était déroulé aussi vite! 
Crédit : Food & Wine
Pas papa.

Avant d’être papa, disons que le travail occupait une part très (déjà trop) importante de ma vie. C’est ça le problème quand tu te donnes à 110% et que tu crois dur comme fer en la cause pour laquelle tu travailles. Workaholic était un mot insuffisant pour décrire le temps que je passais à travailler (et/ou à militer). Sillonnant les quatre coins du Québec, je m’accommodais très bien des exigences de la fonction chronophage de conseiller syndical. À la blague, je disais à qui voulait m’entendre que j’aimerais bien concilier travail et famille, encore faudrait-il que je vois ma blonde de temps en temps si je voulais en fonder une!
 
Ça nous aura pris des vacances dans un chalet loin de tout, où le cellulaire ne rentre pas, pour finalement pouvoir passer des petits bouts de notre code génétique, de nos qualités et de nos défauts (pas trop j’espère) à un nouveau petit être. Papa, mais pas trop.

By the way, pour moi, comme pour beaucoup de papas, c’est encore un peu beaucoup abstrait un premier bébé à cette étape. On sait que ça existe. On comprend le concept d’une petite vie qui prend forme. On sait que ça prend du temps. On n’est pas détaché, on lui parle, on caresse le bedon, on essaie de sentir les petits coups et tout, mais ce n’est pas encore tout à fait réel.

Le quotidien continue sa course, ininterrompu. Les nombreux départs pour le travail (t’sais, quand le staff de l’hôtel reconnaît ta voix au téléphone!) n’affectent pas encore la maman qui reste seule à la maison (même si c’est dur sur le couple). La routine (ou la course folle comme je l’appelle affectueusement), n’a pas encore pris le contrôle de nos vies.

Version allégée de la course folle du quotidien.
Crédit : Giphy

Papa pas là.

Ce qui fait que quand mon employeur m’a dit qu’il faudrait que je parte une semaine en Belgique un mois après la naissance d’Alphonse, je ne savais pas encore dans quoi je m’embarquais. Les futurs grands-parents étaient disponibles et dans ma tête, ça suffisait comme préparation. Billet d’avion acheté, hôtel réservé, réunion confirmée. Moi pis Bruxelles, on avait rendez-vous. Mais ça, c’était avant.
 
Ma vie a changé quand j’ai vu la tête de kiwi ensanglantée de mon fils émerger du corps de ma blonde. Je n’ai jamais ressenti une émotion plus forte que ça. Une joie immense doublée d’une peur grosse comme l’univers avec comme cerise sur le gâteau, un besoin irascible de protéger cette nouvelle vie.

Loin des yeux, pas du cœur.
 

Tout d’un coup, ça devenait très concret. J’étais responsable d’une petite boule de chair fragile. Tout d’un coup, ma blonde avait vraiment besoin que je sois là. Tout d’un coup, l’idée de me retrouver à près de 6000km de ma famille me transperçait le cœur. De voir mon petit gars grandir et changer par Skype pendant 7 jours, c’est loin d’être facile! D’être un papa pas là, ça ne me tentait pas plus qu’il faut!

C’est toujours pas évident je dois dire. J’écris ceci en direct d’Ottawa, à 2 h 30 de route de chez nous. Je trouve toujours difficile de laisser ma blonde toute seule aux prises avec le quotidien. Chaque fois que je deviens un papa pas là, je m’ennuie et me sens coupable. Mais même si j’ai la ferme intention d’être le moins souvent pas là possible, ça va m’arriver de nouveau. Si je trouve des trucs pour rendre la chose plus facile, je vous les écris, promis!

Votre douce moitié part-elle souvent? Êtes-vous à l’extérieur sur une base trop fréquente? Comment vous dealez avec ça?
 
 

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