Je pars avec une grosse généralité parce que j’en ai marre de toujours devoir m’excuser pour tout, pour rien, pour des choses qui ne dépendent pas vraiment de moi.
Généralité : « Dans notre société, ON ne doit pas – surtout pas – avoir d’avantages sur les autres. » Et là, « si j’ose en avoir? », me demanderez-vous. Eh bien… HONTE À VOUS!
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Taisez-les, ces « chances » de la vie. Flagellez-vous si, par mégarde, vous les énoncez. C’est le minimum! On veut voir les stries de la honte bien sanglantes sur votre dos. Là, seulement là – et encore –, vous aurez le droit d’exister, un peu, mais pas trop.
Exemples de faits que vous devriez taire pour le bien de l’humanité (rien de moins) :
Vous avez accouché sans déchirer…
De grâce! Ne faites pas le récit de votre accouchement à vos amies. Sinon, on vous rappellera votre chance et la honte que vous devriez ressentir, car une amie, une amie d’une amie, une cousine, la voisine au 3e degré de votre amie d’enfance, eh bien, ELLE, elle aura déchiré au 4e degré! Non, au 10e (ça n’existe pas, je sais, c’est une hyperbole)! Votre bonheur vaginal? Gardez-le pour vous.
Votre bébé fait ses nuits dès son 3e mois de vie… Honte à vous!
La chanson de Benabar n’a pas été écrite pour vous et vous devriez vous en repentir. À vous, on vous offrira de garder nos chérubins insomniaques parce que, t’sais… Ben… C’EST PAS JUSTE! Nous aussi, on veut dormir!
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Vous avez recommencé à faire l’amour dans les premiers 3 mois après la naissance de l’enfant. Pire, vous et votre chéri(e) filez le parfait bonheur… Honte à vous!
Faire l’a… quoi? Connais pas. Vous ne méritez même pas qu’on poursuive la conversation. Pfff…
Votre enfant réussit bien à l’école. Pire, il est doué… Honte à vous!
Nos enfants, eux, n’ont pas cette « facilité »… Quoi?! Cette « chance »! Veuillez ne pas énoncer leur réalité scolaire ou on vous rappellera que les nôtres sont meilleurs que les vôtres au hockey. Tins, toé!
Votre emploi vous permet de passer l’été avec vos enfants ou d’aller les chercher tôt à l’école… Honte à vous!
Nous, on travaille fort TOUTE l’année. Si vous avez plus de vacances ou des horaires plus flexibles, c’est que vous travaillez moins fort. D’AH! C’est évident! Alors, votre emploi, votre profession, vos horaires, n’en parlez pas. Faites semblant de travailler. Prétextez un rendez-vous au bureau au lieu de nous dire que vous allez en camping. T’sais, la politesse, genre!
Vous savez quoi? Je pourrais continuer cet exercice longtemps. Je suis même sûre que vous avez une foule d’exemples auxquels je ne pense même pas.
Mais là, il faudrait s’entendre sur quelque chose : il n’est pas nécessaire (comprendre « complètement inutile ») d’essayer de culpabiliser quelqu’un qui a un « avantage » que vous n’avez pas. Ce n’est ni productif ni pertinent.
Moi, quand on me dit : « C’est pas juste! Tu as perdu tout ton poids de grossesse », je réponds : « Hé! C’est juste ou pas au nom de qui ou de quoi? ». Sérieusemement. Qu’est-ce que je dois faire? Monter à genoux les marches de l’Oratoire St-Joseph pour être expiée? À moins que vous ne préfériez les coups de fouet de tout à l’heure? Misère… De grâce, écoutez-vous quand vous parlez. Ça évitera bien des prises de bec.
Je comprends que certains commentaires soient maladroits. Qu’ils ne se veulent pas méchants et tout, et tout. Reste que, des fois, ce genre de propos peut être drôlement agressant, blessant et frustrant pour ceux et celles qui les reçoivent.
Là, il y a aussi la mesure. Il y a une différence entre énoncer un fait relatif à sa vie et s’en vanter ou-tra-geu-se-ment. Dans les deux cas, une dose de jugement et d’empathie s’impose. D’autres fois, c’est une discussion franche et polie qui règle bien les malentendus!
Sur ce, peace out, y’all!