J’ai toujours refusé d’imaginer la maternité avec des lunettes roses. Je me répétais qu’il y aurait les coliques, les nuits blanches, les seins engorgés, le possible post-partum… Je voulais me préparer au pire… Mais je n’aurais jamais pu imaginer le cauchemar que j’allais vivre avec un enfant resplendissant de santé.
Je me souviens encore du regard de l’infirmière présente dans la salle d’accouchement pendant que mon médecin riait des gros coups de tête qu’il ressentait en palpant les tréfonds de mon intimité. Un mélange d’empathie et de pitié émanait de son visage. On aurait dit qu’elle savait que cette étonnante vitalité masquait un lourd secret... #DramaQueen
Après 22 heures de travail et trois heures de poussées, Laurence, ma boule d’énergie de 8 lbs, 11 oz, a vu le jour (bien que nous étions la nuit). À la maternité, où ma fille avait été transférée, je n’avais aucune difficulté à la repérer : c’était le bébé qui pleurait hurlait plus fort que les autres, et plus longtemps, aussi. Qu’importe? J’avais un enfant vigoureusement en santé; c’était tout ce qui comptait.
De retour à la maison, j’étais convaincue que Laurence s’assagirait, inspirée par le calme et la douceur de sa nouvelle demeure… NOT! Elle explosait de colère quand je l’allaitais, elle hurlait si je tentais de la coucher, elle devenait folle de rage lorsque je changeais sa couche et ne supportait pas que je la prenne dans mes bras.
Ma nouvelle vie de maman ne correspondait en rien aux images suintantes de bonheur qui tapissaient mes livres de maternité. Mon bébé était figé dans un état d’insatisfaction perpétuel sur lequel je n’avais aucun pouvoir. Certains jours, je me jetais sur mon lit, le visage inondé de larmes, en demandant au Bon Dieu ce que j’avais bien pu faire pour qu’il me fasse vivre un pareil enfer. Visiblement, il en avait gros sur le cœur parce que cette torture dura quatre interminables mois.
Par la suite, les cris diminuèrent. Le niveau de décibels avait peut-être baissé dans la maison, mais la mauvaise humeur persistante de ma fille n’en était pas moins désagréable. Laurence pleurait à la moindre contrariété :
- Attendre son biberon;
- Être déposée dans son lit;
- Être déposée dans sa coquille de transport;
- Être déposée par terre;
- Être assise dans sa chaise-haute;
- Être habillée, déshabillée, changée de couche, etc.
J’avais mis au monde un B.A.B.I. : un bébé aux besoins intenses.
En me basant sur mon expérience, je décrirais le B.A.B.I. comme un bébé avide d’autonomie et souvent en révolte contre les limites que lui impose son corps immature. En étant la mère d’un B.A.B.I., j’ai dû apprendre à vivre dans les hurlements, à tolérer les pleurs déchirants et à faire le deuil du « p’tit-bébé-paisible-qu’on-peut-traîner-partout » parce que, eh oui, je devais aussi dealer avec un enfant qui n’aimait ni la poussette, ni le porte-bébé, ni quoi que ce soit qui implique l’utilisation de sangles ou d’un harnais de sécurité.
Un an plus tard, Laurence s’avère être une petite fille souriante (oui, oui!), espiègle… et facilement irritable! Son caractère bouillant me fait souvent parfois grincer des dents, mais j’ai un enfant vigoureusement en santé et il n’y a rien de plus important.
Parents de bébés aux besoins intenses, quelles sont vos expériences avec vos B.A.B.I.?