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Vers l’âge de 3 mois, ma fille a commencé à refuser ses biberons. Comme ça, du jour au lendemain, me semblait-il. C’était pourtant le même lait, les mêmes tétines, la même température, la même maman. La première journée, je me dis qu’elle couvre peut-être quelque chose. La deuxième journée, je capote (ouin, vite de même). Comme toute personne qui ne vit pas dans une grotte, je vais googler mes observations. Entre les diagnostics de maladies génétiques improbables, je tombe sur un truc possible, le reflux gastro-oesophagien.
Ça collait, les symptômes y étaient. J’ai réclamé un rendez-vous avec mon médecin de famille et, ben oui, c’était probablement du reflux. Je me dis qu’il doit exister un médicament quelconque et que ça va se régler rapidement.
Mon médecin m’explique qu’elle revient justement d’une conférence sur le sujet et le plus récent constat est que les antiacides, ben ça ne donne pas grand-chose pour les bébés. C’est comme un antibiotique pour une otite qui est probablement virale : c’est plus pour rassurer le parent que les médecins en prescrivent. J’en prends bonne note, mais je veux être rassurée. Je veux avoir le sentiment de tout faire pour régler la situation, je veux que mon bébé boive, alors oui, je veux un antiacide, s’il vous plaît.
Ce que j’ai trouvé difficile, aussi? La banalisation du reflux.
« Et puis, ta fille, qu’est-ce qu’elle a qui fait qu’elle refuse de boire? Ah, c’est juste du reflux finalement? Ah ben, c’est pas si grave. »
JUSTE DU REFLUX? Chaque boire est une torture pour elle, elle se tord de douleur, ça lui fait mal, elle refuse de s’alimenter parce que boire égale douleur, et tout ce que je peux faire, c’est lui donner un antiacide qui ne fonctionne pas, appliquer des conseils pratiques et attendre. Alors, ben oui, toi, c’est vrai qu'il n'y a rien là. C’est juste du reflux, right?
Il y a mille maladies plus graves, j’en suis bien consciente, mais passer des jours des semaines à voir son enfant refuser son lait parce que boire lui fait mal, c’est dur pour le mental d’une maman. Nourrir son enfant est quelque chose de viscéral pour un parent. Lorsque nous nous retrouvons à essayer de convaincre notre bébé qui a faim de boire et que, jour après jour, ça ne fonctionne pas, ben ça donne une maman qui braille devant sa porte patio à 4 heures du matin sous le soleil levant en évoquant des arguments sans dessein au dit bébé parce qu’elle ne sait plus quoi faire d'autre.
Malgré tout, je suis chanceuse. Sur ce blogue, j’ai des collègues qui ont vécu des histoires de reflux à la puissance 3, des histoires qui perdurent sur des années, avec des suivis à Sainte-Justine pis toute. Dans mon cas, la mise en place des conseils du médecin a fini par faire un certain effet (et l’antiacide aussi, dans ma tête). Finalement, vers 6 mois, l’introduction des solides a définitivement réglé le problème.
Avez-vous dû vivre avec un problème de reflux chez votre bébé? Est-ce que vous avez eu des commentaires de vos proches qui banalisaient cette situation?