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Trouver une sage-femme ou mourir – Tu penses foxer tes cours prénataux? Ne fais pas comme moi! (3 de 3)
Crédit: Livre "Labor among primitive peoples" 1883 / Flickr (Internet Archives book images)
(Partie 1 et partie 2)

Mon 3e bébé est arrivé en surprise cadeau, alors que mon mari et moi retrouvions l’équation de la sexualité spontanée.

On avait traversé ceci :
2 ans de traitements de fertilité + 1 grossesse difficile + 1 césarienne ratée avec séquelles.

Ç’a donné cela : 
1 beau bébé sans complications!
 
Mon mari a tout de suite su que ce bébé-là serait facile et, en effet, tout son développement était parfaitement normal, mais la grossesse a été psychologiquement éprouvante. Bien que ravie d’attendre un autre bébé moins d’un an après ma 2e, j’étais tout de même apeurée par l’issue de la grossesse… ce qu’on appelle l’accouchement. Il me fallait trouver des solutions pour m’en sortir vivante et sans déchirures, ni au sexe ni au ventre!
 
« Si j’ouvre très grand la bouche, peut-être… J’ai une grande gueule, je pense… »
Je me trouvais drôle, mais le gynéco de service devant moi me regardait, blasé.
 
J’attendais 2 à 3 heures pour voir un médecin (jamais le même) pendant 10-15 minutes. Puis je répétais chaque fois que j’avais un dossier compliqué : une césarienne ratée, un 1er accouchement atroce, et bla bla bla.
 
Les semaines passaient, mais une seule question revenait : césarienne (on a le choix quand on en a eu une) ou AVAC (Accouchement Vaginal Après Césarienne)?

Je ne savais plus. Je savais seulement que cette fois-ci, je voulais qu’on prenne soin de moi. Cette détresse d’avoir déjà été laissée pour compte, oubliée, maltraitée… j’en rêvais la nuit et le jour. C’est par un matin froid de novembre que je me suis réveillée : il me faut une sage-femme ou je vais mourir.

Crédit : source inconnue/Google images
 

Trouver une sage-femme à près de 30 semaines de grossesse? HAHAHA, mission impossible!
J’ai téléphoné partout. Je-ne-sais-quelle fée s’est penchée sur le berceau vide qui attendait mon 3e bébé, mais par un heureux hasard, une femme avec la même DPA que moi venait d’être transférée en suivi médical. J’ai pu prendre sa place moins de 30 minutes après mon message, dans une maison de naissance non loin de chez moi, de surcroît!

Crédit : série britannique Call the Midwife/BBC
 

C’est là que ma vie des 12 dernières années a changé. Je suis allée à la maison de naissance toutes les 3 semaines. J’attendais environ 5 minutes pour passer de 60 à 75 minutes avec les sages-femmes à parler, à entendre le cœur, à poser mes questions (à pleurer aussi, les pauvres). Elles ont repris tout mon dossier depuis le début. Elles ont écouté mes nombreux traumatismes et les ont traités.

À coup d’écoute, de compassion, de petites granules et de temps, j’ai terminé ma grossesse beaucoup plus sereinement et, en cas de pépin, j’avais des numéros de cellulaire et de pagette – quelle rareté! Quelle sécurité!

« Chéri, qui c’est qui va refaire ses cours prénataux?
— Toi!
— Nous! 3 soirées en maison de naissance, c’est pas si pire que ça! Allez… s’il te plaît… (Je tais ce que j’ai dû faire en échange… c’est privé.) »
 

Crédit : vintage/reactiongif.com

 
Enfin! La préparation à l’accouchement dans toute sa complexité naturelle (pour en avoir une idée, lisez le livre Une naissance heureuse de la sage-femme Isabelle Brabant)!

 
À la maison de naissance, on m’a traitée avec beaucoup de professionnalisme. Référée en suivi obstétrical – au cas – pour évaluer l’épaisseur de ma cicatrice de césarienne, l’obstétricienne m’a promis de se faire appeler s’il fallait sortir le bébé en urgence. C’est surtout la première médecin à avoir prononcé les mots salvateurs « maltraitance obstétricale » à l’écoute de mes deux récits. Je lui ai fait une déclaration d’amour :

« Docteure, je vous aiiiime… mais je vais tout de même tenter le coup avec des sages-femmes!
— Ma chère, c’est la meilleure chose à faire dans votre cas – l’accouchement ira mieux parce que vous serez plus rassurée/détendue. Vous avez une magnifique cicatrice, je sens que tout ira bien. »
 
J’ai accouché de mon 3e bébé l’hiver passé. Il faisait -30. Ça a pris 22 heures. C’est un peu long pour un troisième, mais à aucun moment je n’ai vécu d’insécurité. Je n’ai même pas pensé un instant au fait que c’était un AVAC – qui pouvait donc « mal finir ». Mon mari et moi avons blagué tout le long (ok, sauf les 45 dernières minutes).

— Moi : Je ne peux pas! JE NE SAIS PAS QUOI FAIRE! AIDEZ-MOI!
— Sage-femme : Jacinthe, regarde-moi dans les yeux!
— Moi : NON!
— Sage-femme : Ok, écoute ma voix alors. On a fait tout ce chemin-là. TU as fait toutes ces démarches, ces lectures. TU ES CAPABLE de pousser pour faire sortir ton bébé.
 — Moi : J’attends le réflexe – je ne peux pas pousser, je le sais : je vais mourir si je pousse (ah? Il restait un bout de traumatisme dans mon corps, il faut croire).
— Sage-femme : Tu as peur, c’est normal. Ça ne se passera pas comme ça cette fois-ci. Je suis là. Regarde ma main. La tête du bébé est au bout de mes doigts, il faut seulement que tu pousses pour enclencher le réflexe.
— NON!
— Veux-tu que j’aille passer la petite bande de col? Si je fais ça, tu dois me promettre de pousser après pour éviter que ça enfle.
— OK. _______________ (Insérez ici les sacres de votre choix!)
 
Après? C’est ça qui est plate avec les accouchements merveilleux, on dirait qu’on ne sait pas quoi raconter!

  • Un sprint final de 30 minutes qui m’ont semblé être quelques secondes.
  • Une poussée que je n’ai comprise qu’à la fin et que je ne saurais pas pantoute expliquer.
  • Un bébé qui a glissé entre mes cuisses. Oui, glissé…
  • Des sages-femmes aux petits soins (tiens, elles sont 3 maintenant?! Bonjour vous deux, je m’appelle Jacinthe).
  • ​​Une belle surprise : c’est une fille (j’étais convaincue de porter un garçon)?!
Crédit : Jacinthe Laporte

3 heures après son arrivée, ma nourrissonne était dehors par un froid intense de février. Et moi? J’étais, pour la première fois, une mère entière et comblée, et non un tas de cellules en mille miettes ou une pauvre plaie exsangue!
 
J’AVAIS ENFIN « PASSÉ » MES COURS PRÉNATAUX!
 
J’ai adoré mon accouchement. Oui, ça se peut. J’ai adoré ces douleurs-là : vives, intenses, puis disparues. Ce 3e accouchement tout zen a réparé les blessures des deux précédents. Et si jamais j’en vis un 4e, ne me parlez pas de médecin, de péridurale ni de césarienne! J’accoucherai peut-être toute nue au bord de la mer, avec une couronne de fleurs dans les cheveux, tiens!

Et peut-être que je foxerai les cours… 
 
P.-S. Une lectrice, Émilie Gervais, m’a parlé de ceci : mescoursprenataux.com

Comme je n’ai jamais essayé, peut-être les suivrai-je?
 
 
 
 

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