Il y a des jours où je lis les commentaires sous les textes qui traitent de parentalité et j’ai l’impression d’être revenue dans le temps. T’sais, dans les années où toutes les bonnes âmes du village savaient, implacablement, ce qui était bien et ce qui était mal parce que le curé et sa grande Bible l’avaient dit. J’ai l’impression, trop souvent, d’assister à la version 2.0.
La nouvelle génération de parents dans mon entourage a pourtant envie de textes qui décrivent le quotidien des familles pour ce qu’il est vraiment. Imparfait. Avec un « i » majuscule. Des textes qui normalisent ce que nous vivons, ce qui n’est pas toujours rose et ce que nous n’osons pas vraiment avouer. Avoir envie que d’autres parents, comme nous, se mettent à nu, en mots, pour dire les vraies affaires. Plusieurs blogueurs le font et nous essayons très fort de le faire, ici, chez TPL Moms, mais il y a un « mais ».
Il y a immanquablement ce lecteur (ou cette lectrice), caché(e) derrière son écran, son bouclier virtuel, qui lui/elle, sait mieux que tout le monde. Assis(e) sur son grand Livre du parent parfait, il/elle se donne le droit, non pas de donner son opinion ou émettre un commentaire constructif, mais bien de juger l’auteur.
À grands coups d’insultes, de commentaires mesquins, de dénigrements ou de psycho pop, il/elle fait sa chasse aux sorcières.
- Tu donnes le biberon? « Au bûcher! »
- Tu allaites et ton enfant a maintenant 3, 4 ou 5 ans? « Ouach! »
- Tu retournes au boulot avant la fin du congé de maternité? « T’aimes sûrement pas ton enfant pour faire ça! »
- T’as fait la méthode 5-10-15? « Parent indigne! »
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Tu amènes ton bébé dans un show de musique? « Maudite folle! »
Jamais de nuances, des propos balancés sont comme si ça ne risquait pas de blesser personne. Parce qu’à coup sûr, ça atteint plusieurs personnes. Virtuellement, mais pas moins durement, alors qu’en face à face, personne n’aurait l’audace de dire des phrases aussi assassines.
Je suis peut-être fleur bleue, mais j’aurais envie que le vent tourne. Qu’une grosse vague virtuelle de solidarité parentale se lève pour faire taire ceux qui croient que leur vérité est LA vérité.
J’ai envie qu’un simple mot-clic veuille tout dire. #JeSuisParent. Que nous répondions collectivement à tous ces haters de la façon la plus désarmante qui soit : le respect. Se dire que, même si ce que nous lisons ne correspond pas à notre réalité ou au choix que nous aurions fait pour nous-mêmes ou pour notre famille, nous respectons le choix de l’autre. Nous NE SOMMES PAS l’autre, et ses choix n’affectent en rien NOTRE propre vie.
J’ai envie que nous n’oublions jamais que, de l’autre côté de l’écran, derrière chaque texte, il y a un humain. Un humain qui fait du mieux qu’il peut chaque jour pour être le meilleur parent possible. Parce que, parfois, il réussit. Parce que, parfois, il tombe, se relève et réessaie. Parce qu’il avoue publiquement ses faiblesses avec une bonne dose d’humilité. Parce que ce parent-là, des fois, c’est moi, et des fois, c’est vous. #JeSuisParent.
J’espère voir des #JeSuisParent qui s’avéreront être la version Web des chaînes humaines de solidarité parentale. Trois petits mots qui cloueront poliment le bec à tous ceux qui savent mieux. Tout ça, pour que la parentalité 2.0 se porte mieux.