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Les deux annonces : annoncer qu’on porte la vie… puis qu’elle nous a quittée.

J’étais enceinte, puis je ne l’étais plus. Annoncer ces deux nouvelles à nos proches nous a apporté le meilleur, puis le pire.

Je me rappelle du jour où nous avons annoncé à grand fiston qu’il allait avoir un (ou deux) petit frère ou une (ou deux) petite sœur. Les étoiles dans ses yeux, son sourire qui illumine toute la maison. « Conrad, viens! On apprend une grande nouvelle! », a-t-il même lancé à pitou, qui passait par là.

Dans les semaines qui ont suivi, les allusions à bébé se sont multipliées. Nous rêvions à sa venue dès la fin de l’hiver, celle qui allait réchauffer nos cœurs et nos pieds gelés. Les questions, aussi. « Est-ce qu’il va me ressembler? » Et les espoirs : « J’aimerais ça avoir un petit frère, OK? »

Puis est arrivée la douzième semaine, celle de la première échographie. Ah! Que d’excitation, pour finalement apprendre que, non, nous ne verrions pas bébé aujourd’hui. À la clinique, les installations ne le permettaient pas. La gynécologue nous a donné rendez-vous à l’hôpital pour le jeudi suivant. Déçus, nous sommes rentrés à la maison. Ces trois petits jours nous semblaient si long. 

Jeudi, enfin. Arrivés à l’hôpital, nous avons attendu impatiemment. Mon nom a résonné dans l’interphone. « C’est à nous! », ai-je dit amoureusement à mon chum. Nous nous sommes dirigés vers la salle d’examen. Vous n’aurez jamais vu une fille retirer sa petite culotte aussi rapidement (car oui, j’ai un utérus rétroversé, ce qui fait en sorte que l’échographie sur la bedaine, ça ne donne rien sur moi). La gynécologue m’a installé l’engin. J’ai regardé l’écran, le cœur battant à tout rompre. « Bon, où es-tu, petite bébitte? », me suis-je dit. Je cherchais des yeux; je ne comprenais visiblement rien à cet  écran.

J’ai entendu la gynécologue soupirer. « Oh. J’ai une mauvaise nouvelle pour vous… » Nous pleurions dans la voiture.

Comment allions-nous annoncer ça à fiston? Comment allait-il réagir lorsque nous irions le chercher à l’école, les mains vides, sans la petite photo d’échographie que nous lui avions promise? Comment ferions-nous pour le rassurer en lui disant que sa crise de la semaine d’avant, alors qu’il disait ne plus vouloir nous partager avec une autre personne, ne plus vouloir s’occuper du bébé et ne plus vouloir partager sa chambre n’avait absolument rien à voir avec ma fausse couche?

Finalement, mon chum est allé chercher fiston seul. Je me suis endormie, après avoir pris la médication qui allait faire sortir l’embryon de mon ventre.

Dans la voiture, il a annoncé la nouvelle à fiston. « On a perdu le bébé. »
– Est-ce que vous allez le retrouver? , a-t-il demandé, inquiet.
– Non.

Non. Il est parti. Et non, nous ne savons pas pourquoi. Et oui, nous trouvons ça injuste, nous aussi. Et nous ne comprenons pas.

Et nous ne savons pas quand nous allons comprendre.
 

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