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Parfois, j’ai envie de choker ma vie de maman.
Crédit: Dianne Lacourcière/ Flickr

Il m’arrive parfois de regretter d’avoir eu des enfants. De vouloir fuir sous le poids des responsabilités que ça implique. J’entends des histoires de pères qui se sont poussés du jour au lendemain, s’en est presque banal. Lorsqu’il s’agit de la mère qui s’en va, ça devient un drame profond. Puis, je regrette ces pensées, cette petite pointe de jalousie que j’éprouve envers elles, celles qui ont osé le faire.

Je m’ennuie du temps où je me savais encore en contrôle. Du temps où si ma vie ne me plaisait pas, je partais et je recommençais ailleurs. Du temps où un appartement et un job peu satisfaisants pouvaient se transformer en un sac à dos et du couchsurfing, voire même des nuits sans nécessairement savoir où aller. Les soucis se transformaient en pichets de bière, l’endroit pour dormir étant secondaire par la suite.

J’ai eu cette habitude de fuir, un peu pour me rebâtir, un peu pour assouvir une soif de vivre. Maintenant, j’ai renoncé à cette possibilité. D’ailleurs, ce n’est pas arrivé sans que j’y sois préparée. Ma famille s’est fondée de manière attendue, consciente et volontaire. J’avais très hâte de vivre la maternité, j’en rêvais depuis toujours. Et si, malgré toutes mes attentes, je n’étais finalement pas faite pour ça? Qu’est-ce que je peux faire une fois que je suis passée de l’autre côté?

Je me suis rarement sentie à ma place, peu importe où j’étais. Le syndrome de l’imposteur, ça me parle en maudit, t’sais. J’aimais bien retrouver la liberté de quitter quand je ne suis plus à l’aise. Maintenant, quand je me sens pas à ma place, je lis des livres de self-help en cachette, en cherchant la recette secrète du bonheur. Pourtant, je ne suis pas une personne particulièrement négative. Je dirais même que j’ai une forte tendance positive, mais j’ai toujours envie de plus.

À force de lire, j’en viens à me demander si je n’ai pas une vision déformée de ce qu’est le bonheur. Si ce que je cherche n’est pas en fait inaccessible et m’entraîne dans une course éreintante vers l’impossible, ce qui continuera à me rendre malheureuse?

Ne vous méprenez pas. J’adore mes enfants, tout comme mon conjoint. Avec nos hauts et nos bas, notre complicité et nos prises de bec. C’est simplement que je me suis perdue en chemin. Je suis devenue ma famille et en ce moment, je ressens le besoin viscéral de me retrouver un peu. J’ai envie de m’ennuyer d’eux, de revivre en ne pensant qu’à moi. À cette moi qui n’a pas le poids de sa famille sur ses épaules. Qui pourrait oublier ce job que je dois garder pour payer l’hypothèque, la voiture et les électros. Qui aurait le temps de participer à ces soirées auxquelles ne n’assiste plus parce que je n’ai pas de gardienne. Qui ressortirait mon côté nomade qui a pris sa retraite. 

J’ai envie d’être égoïste. De partir du jour au lendemain sans donner de nouvelles. Je fantasme à cette idée.

Est-ce que votre réalité vous pèse aussi parfois?

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