J’éprouve un immense plaisir à voir la joie dans les yeux de mon enfant. Comme si mon bonheur se décuplait lorsqu’il le partage avec moi. Une sorte de plaisir par procuration fois 100. Mais mon bonheur, notre bonheur, ne semble pas toujours faire l’unanimité.
Je ne compte plus le nombre de fois où on m’a dit « Tu le gâtes, hein, ton fils! » Ça me déboussole toujours. J’ai cette désagréable impression que de lui faire plaisir peut être digne de reproches.
Me vient immédiatement le besoin de me justifier. D’expliquer que je ne lui donne rien sur l’impulsion d’une crise de sa part, que j’exige le « S’il te plaît » et le « Merci » et que je ne cède pas (mais vraiment pas!) à toutes les demandes.
Je me demande cependant quelle est la frontière moralement acceptable entre faire plaisir et gâter. Quand est-ce qu’acheter une crème glacée ou un chocolat chaud à un enfant devient du « gâtage »? Ne peut-il pas y avoir des choses « gratuites » pour les enfants aussi, qu’ils reçoivent un bonbon sans qu’ils aient fait le beau? Qu’on leur achète un jouet sans anniversaire?
Sûrement qu’un jour, je n’aurai pas le choix d’utiliser la technique de la carotte au bout du bâton parce qu’il devra aussi apprendre que tout vient au prix de l’effort. Mais d’ici là, j’ai envie d’apprendre la spontanéité à mon fils. Je veux faire son bonheur (et à moi aussi, par la bande!) et le surprendre, dès que je le peux, avec un petit plaisir.
Peut-être que dans quelques mois, je viendrai me plaindre à vous que j’ai élevé un monstre. Si ça arrive, vous me taperez sur les doigts et me direz : « On te l’avait bien dit! » En attendant, on va être heureux!