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Quoi dire (et ne pas dire) à un parent qui vient de perdre un enfant
Crédit: Motoki Tonn/Unsplash

Suite à la parution de mon billet sur la série de deuils suite au décès d’un enfant, quelques personnes sont venues vers moi, comme si une porte s’était ouverte, une entrée qu’ils n’auraient pas osé franchir avant, et ça m’a fait chaud au coeur.

Parler de ma fille restera toujours pour moi un p’tit bonheur même si l’histoire, elle, est triste. Parmi ces personnes, quelqu’un m’a demandé d’écrire sur ce que l’on doit dire à un parent qui vient de perdre son enfant. Et là, dans ma tête, toutes ces phrases ignobles que j’ai entendues sont apparues. D’un côté, il y a les choses à dire, et de l’autre, celles à NE JAMAIS dire.

Ne me dites pas qu’elle est mieux là et qu’elle a fini de souffrir. Entre vous pis moi, je sais qu’elle serait mieux ici, en santé, sans souffrance, entourée de sa famille.

Ne me dites pas non plus que Dieu éprouve ceux qui sont capables de passer à travers ces épreuves (eh oui, j’ai entendu ça pour vrai) parce qu’en ce moment, je ne considère pas Dieu comme mon pote et je pense sincèrement que le petit Jésus, il m’en doit tout une.

Ne me dites pas non plus que vous ne seriez pas capable, même si je sais que vous me dites ça pour me faire part de mon propre courage. Mais ce n’est pas comme si j’avais eu ben ben le choix. Je fais face à tout ça du mieux que je peux et si c’était vous qui aviez à vivre ça, vous vous découvririez aussi une force dont vous ne soupçonniez pas l’existence. Vous n’auriez pas le choix non plus.

Ne me dites pas que vous avez peur de me faire de la peine ou de me faire penser à elle en m’en parlant. Je n’ai besoin de personne pour me rappeler ma douleur, elle est là constamment, même si avec le temps, elle diminue. Et je pense à ma fille chaque jour, que les gens m’en parlent ou pas. Ne dites pas à vos enfants, en cachette, sans discrétion, de ne pas prononcer son nom. Si vous faites comme si cette épreuve n’existait pas, pour moi, c’est comme de mettre un X sur la petite existence beaucoup trop courte de ma fille. Puis ça, c’est douloureux.

Aussi, ne m’ignorez pas. Vous que je connais, ne changez pas de trottoir quand vous me voyez arriver, ne baissez pas les yeux quand vous me croisez. Je ne mords pas, promis, je suis simplement triste.

Et vous que je ne connais pas, ne chuchotez pas à votre ami, quand vous êtes assis à la table juste à côté de moi, que je suis celle qui vient de perdre un enfant… J’entends encore et ce genre de situations, ça ne fait vraiment pas de bien.

Au lieu de tout ça…

Dites-moi que vous ne comprenez pas ce que je vis, mais que vous pensez à moi.

Dites-moi que vous allez venir me faire un souper (et faites-le pour vrai), car je n’ai pas l’énergie pour ça. Dites-moi que vous ne savez pas quoi me dire, car vous savez que ma douleur est horrible. Demandez-moi ce que vous pouvez faire pour moi; je vais vous le dire.

Invitez-moi à sortir.

Écoutez-moi quand j’en ai besoin et tendez-moi ben des mouchoirs.

Et si vous me demandez comment ça va, c’est fort possible que j’éclate en sanglots pis que je braille ma vie live devant vous, en plein milieu de l’allée des pâtes à l’épicerie. Si vous n’êtes pas prêt.e à ça, souriez-moi amicalement, je vais comprendre. Transmettez-moi un regard rempli d’empathie, ça va me faire du bien. Venez me serrer dans vos bras sans rien dire, vous allez mettre un baume sur ma plaie.

Mais surtout, demandez-vous comment vous réagiriez si la phrase que vous vous apprêtez à dire vous était dite à vous, dans des circonstances semblables. Si vous trouvez que ça n’a pas d’allure, c’est un bon indice pour changer la recette. 

Voilà ce que j’aurais aimé dire aux gens, il y a de ça presque 9 ans, quand Lydia nous a quittés. Mais là je parle pour moi. Probablement que d’autres parents endeuillés le vivent différemment. S’il y avait une recette magique, je la transmettrais à tout le monde, mais malheureusement, il n’y en a pas.

Dernière chose : soyez indulgent.e envers moi. À moins de l’avoir vécu, vous ne comprenez probablement pas ce que je vis. Et ça adonne que je ne me comprends pas moi-même.

 

Avez-vous vécu le deuil d’un enfant? Quelles paroles vous ont fait du bien?

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