Avant d’avoir ma fille, j’avais vu plein de couples se séparer, en partie à cause de la vie sexuelle qu’ils vivaient, ou plutôt ne vivaient plus. J’ai lu le texte de mon collègue Johnny, et celui d’une autre Annie Nonyme. Et ça m’a donné le goût d’écrire moi aussi, sur un autre aspect de la sexualité post-bébé.
Je voulais parler de ma perspective. D’aborder que devenir parents peut couper le désir au lieu de l’augmenter. Parler de la femme qui aime le sexe, mais qui n’a plus de désir pour son homme. Parce que les hormones changent tout, y compris la libido. Parce que notre perception de l’homme avec lequel on vit peut aussi être modifiée quand il passe de chum à papa. Parler qu’avant d’être en couple et donc avant de devenir maman, je m’étais promis d’être la « cochonne » de mon homme, pour que jamais même après avoir eu des enfants, il n’ait le goût d’aller voir ailleurs. Je voulais être la mère, l’amante et l’épouse parfaite. Et je suis certaine que je ne suis pas la seule!
On parle souvent de consentement (et c’est très bien comme ça). Tant dans un couple que dans un one night stand. Pour moi, c’est un pilier, c’est mon cheval de bataille. C’est un principe auquel je tiens mordicus et que je véhiculerai à ma fille. Je n’aurais jamais fait plaisir à mon homme si ça ne m’avait pas tenté aussi à la base. Je ne conseillerais jamais, comme Michelle Duggar le fait, de baiser quand on n’en a pas envie.
La nuance que j’apporte ici, c’est que je ne voulais pas devenir une maman et oublier que je suis une blonde. Je ne voulais pas que le fait de devenir parents influence ma vie sexuelle de couple. J’étais naïve, je sais.
Je m’étais promis que je serais une femme différente. Une maman dévouée et une amante hors pair, une bête dans le lit. Que je comblerais mon homme, pour détruire ce stéréotype qui dit que les femmes deviennent moches au lit après la venue des enfants. Comprenons-nous bien : je ne visais pas être l’esclave de mon amoureux, mais bien de continuer à vivre une sexualité épanouie et partagée, quand ça me tentait et quand ça lui tentait aussi.
J’ai échoué. Je n’ai pas été l’amante du père de ma fille. En réalité, on a fait l’amour quelque chose comme trois ou quatre fois dans l’année qui a suivi sa venue. Pis ça été des baises de base, ça ne lui tentait pas plus à lui qu’à moi. On était des parents, plus un couple. Des fois des amis, des complices, mais pas des partenaires de parties de jambes en l’air.
Je n’ai jamais retrouvé le désir pour le père de ma fille. L’amour non plus, je pense. Je n’ai jamais été capable de dissocier ce que je lui reprochais comme parent du fait que c’était aussi mon chum, mon amant. Comme si de ne pas m’aider avec les repas, les couches, le bain ou l’heure du dodo était intimement lié avec mon non-désir pour lui.
Pourtant, j’avais le goût d’être touchée, d’être aimée, d’être caressée. Je ne l’exprimais pas vraiment, blame it on me. Je me sentais comme si le père de ma fille devenait un peu inconnu, comme si ce n’était pas l’homme duquel j’étais tombée amoureuse. Comme s’il était rendu monotone, papa-pépère. Et moi, maman beige, maman fatigante, blonde gossante qui parle juste de ménage, de vomis pis de lavage.
Je n’ai pas réussi à être la maman coquine que j’aurais voulu être. À être à la fois amante et mère, amoureuse et coparent. Je n’ai pas réussi avec lui. J’ai réussi à retrouver la femme et l’amante en moi, mais j’ai dû me séparer et développer de l’intimité avec quelqu’un d’autre pour y parvenir. Ça me fait tout drôle de l’écrire noir sur blanc, mais ça me fait aussi un bien fou de me l’avouer, de m’en libérer, de vous partager mon histoire, mon intimité.