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Les petits copains d’abord!
Crédit: Chronicling America

Récemment, on a demandé à petit V si sa grande amie de la garderie, amitié que je soupçonne due principalement à la facilité des phonèmes du nom de la petite, était sa copine. Sa blonde. À la base, je sais, c’est mignon, c’est tout drôle (nos petits cocos amoureux!) et ça paraît complètement inoffensif.

Par contre, comme je ne serais pas moi si je ne m’indignais pas contre les choses qui semblent complètement inoffensives, je m’indigne contre cette pratique qui consiste à inventer des amours folles et romantiques à nos gamins. Ça m’énerve. Ça m’énerve déjà parce que c’est toujours très hétéronormatif.

On invente rarement des relations amoureuses entre nos fils et leurs amis, ou nos filles et leurs amies. Donc, on renforce une certaine idée de la normalité pour eux, de l’acceptabilité parentale et sociale et ça, ça ne dérange peut-être pas tout le monde, mais ça me pue au nez.

L’autre chose, qui m’embête vraiment, c’est que je ne veux pas que mon fils, du haut de ses deux ans, apprenne qu’un garçon et une fille ne peuvent pas être amis, qu’il ne peut pas s’intéresser à une fille autrement que de façon romantique ou, plus tard (beaucoup beaucoup plus tard – beaucoup), sexuelle. Je veux que mon fils ait des amies, des amies avec lesquelles il joue, des amies avec lesquelles, un jour, il discute en partageant de grandes réflexions comme on en a à l’adolescence, des filles qui ne seront jamais l’Autre pour lui, qui ne seront pas des amoureuses potentielles ou des territoires à conquérir, exactement comme le seront probablement ses amis.

Disons-le clairement : si mon cher enfant, porté et élevé par une mère féministe, me parle de friendzone un jour, je le renie lui sonne les oreilles. Si mon cher enfant pense qu’être l’ami d’une fille brillante, ou engagée, ou sympathique, ou éloquente, ou même jolie comme un coeur, est un prix de consolation, j’aurais lamentablement échoué.

Crédit : Giphy

Bien sûr, ça veut dire que j’empêche dès aujourd’hui les adultes de projeter leur vision étriquée des relations entre les sexes, même quand les adultes me trouvent un peu intense (c’est ce qui fait mon charme). Que je lui parle de ses amies et de ses amis e-xac-te-ment de la même façon même si, moi aussi, je trouve ça adorable, les enfants amoureux. Ça veut dire que je protège son innocence, celle de cette période bénie pendant laquelle les plus grands émois sont dus aux biscuits à la mélasse et aux jouets redécouverts au fond du coffre, en attendant d’avoir, pour de vrai, un petit coeur en miettes à gérer.

Que pensez-vous de tout ça? 

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