La vie m’a donné deux miracles. Le premier miracle a 15 mois et se déplace partout dans la maison en illuminant tout sur son passage, comme un véritable rayon de soleil. Elle est ma première raison de vivre. Le deuxième miracle est toujours dans le fourneau et sera à point pour le Nouvel An. Elle est ma deuxième raison de vivre.
Ces deux miracles sont le résultat du merveilleux programme de procréation assistée que le gouvernement Charest avait mis en place en 2010. Ce programme, bien qu’il n’était pas parfait, a tout de même été un succès, mes filles en sont la preuve tout comme des milliers d’autres petits enfants qui respirent chaque jour au Québec. Il était la dernière chance de tous ces couples qui n’avaient pas eu de chance jusque-là. Il était notre dernière chance. C’était un beau programme.
Dernièrement, le gouvernement Couillard a passé son projet de loi 20 qui met, entre autres choses, fin à la gratuité complète de ce programme. Pour une grande majorité de la population, cette nouvelle est passée à peu près inaperçue, car elle ne les concernait pas vraiment. Pour d’autres, l’adoption de ce projet de loi représente la fin de leur espoir de fonder une famille, la fin d’un rêve, la fin de leur monde.
Je ne peux m’empêcher de feeler tout croche pour tous ces couples infertiles qui doivent déjà vivre leur vie avec une certaine forme de deuil, celui de la facilité. Être un couple infertile, c’est douloureux et lourd à porter. Je le sais, c’était nous avant que les petits miracles n’arrivent. Ce n’est pas facile de se faire diagnostiquer un problème de fertilité, encore moins de se dire qu’il ne sera pas possible de concevoir un enfant de façon naturelle, sans aide médicale et tout le package deal que cela comprend. C’est un cheminement éprouvant qui fait peur, surtout quand c’est de l’inconnu.
Le gouvernement Couillard a décidé avec ses gros sabots de détruire la petite dose d’espoir de plusieurs couples dont le plus grand désir est de devenir parents, mais qui n’en ont juste pas la possibilité sans la fécondation in vitro. Maintenant, plusieurs de ces couples n’auront pas les moyens de se payer ce type de traitement. À quel moment avoir un enfant est devenu une affaire de riches?
Pour ma part, je remercie la vie d’avoir eu la chance de tomber enceinte deux fois grâce à ce merveilleux programme. Je l’ai dit souvent : s’il avait fallu payer pour ces traitements, je ne suis pas certaine que les résultats auraient été positifs comme ils l’ont été. Le stress joue un rôle primordial lorsqu’on fait de telles procédures, et si j’avais eu à me soucier du facteur monétaire, mon expérience aurait été toute autre. Il faut croire que nous avons eu de la chance de vouloir des enfants pendant les belles années que le programme était en place.
Aujourd’hui, je compatis avec tous ces couples qui n’ont pas eu notre chance. C’est une époque sombre, un retour en arrière complètement erroné. Je continue de me sentir concernée et je dois avouer que je ne me suis jamais sentie aussi trahie par mon gouvernement qu’en ce moment. Je suis outrée et choquée par la façon dont ce projet de loi a été passé, sans transition ni tentative d’accommodement autre que celui de tout abandonner. Quand comprendront-ils que la vie de nos enfants n’a pas de prix?
Êtes-vous concernés par le projet de loi 20?