Ce n’est pas un cri, ni un sanglot. C’est un râle animal si puissant qu’il me tire hors du lit. La tête encore enduite de rêves, les pensées cotonneuses, j’essaie, avec des gestes pâteux, d’extraire mon bébé de sa bassinette.
Elle qui, la nuit, m’attend normalement debout, la voilà plutôt réfugiée au fond de son lit, appuyée contre les barreaux, tremblante. Non, je ne rêve pas. Le cauchemar est bien réel. Ma petite fille pleure comme une bête. Une plainte affreuse transforme sa bouche en gueule. Comme si un être énorme habitait son petit corps et compressait ses poumons, l’étouffait de l’intérieur, cherchait à prendre en elle toute la place.
Peur d’elle-même
En la recouvrant de mes bras, doucement, je m’aperçois que ses pleurs ne sont pas ceux que je crois. Ce qu’elle braille avant tout, ce n’est pas une douleur, mais c’est plutôt cette voix horrible qui fait un vacarme en sortant d’elle; un stridor (m’apprend Internet lorsque je cherche le terme exact de sa respiration). Tout comme moi, la toux jappante qu’elle émet l’effraie. Qui donc tient les commandes de son corps? Il est 1 h du matin, bientôt 2 h, et je porte à bout de bras mon bébé devenu lourd. Je marche de long en large. Comment calmer ce râle? Comment simplement le faire diminuer ?
Au secours, Mme 811!
À sa crainte (et ma peur) s’ajoute la fièvre. Je sens contre moi la petite chaleur de mon bébé me brûler. Les frissons qui l’agitent lui font atteindre le 39.5°C. Non, ça ne va plus du tout. Ça déraille. La panique me gagne. Il faut aller à l’urgence! J’ai tout juste la conscience d’appeler le 811. Au bout du combiné, une voix douce d’infirmière (presque une voix de mère) me répond. Il fait bon, comme si nous étions en pleine après-midi. Ma panique descend. Je tends même le téléphone au bébé. Ma Laure lui siffle sa voix.
Déjà, ça va mieux. J’entends la dame me donner des instructions : offrir au bébé beaucoup d’eau, nous laver les mains, aérer les pièces, couvrir l’enfant sans trop l’habiller. C’est d’une banalité, les soins qu’elle me dicte. Mais l’entendre être là parmi nous, à 3 h du matin, me fait le plus grand des biens. Le sommeil vient. Demain nous serons debout. Nous irons au travail. Comme si de rien n’était (ou presque). Et si la voix caverneuse est là, encore, au moins, l’inquiétude se sera tue.
De quelle façon le 811 a été d’un grand soutien pour vous ?