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Apprendre à survivre au décès de sa mère
Crédit: Dario Valenzuela/Unsplash

Il y a un peu plus d’un mois, alors que tous se préparaient aux réjouissances des fêtes, je perdais ma mère. Je suis maintenant l’orpheline du cancer qui m’a arraché mes deux parents beaucoup trop tôt. Comme quoi bien manger, bouger et prendre soin de soi n’est pas la solution à tout. J’en veux à la vie d’être si sévère, sachant pourtant qu’il y a pires souffrances, pire abandon, pire destin. C’est mon drame à moi, celui qui m’habite et occupe mes journées.
 

Crédit photo : Anne-Marie Pepin

Mes sœurs et moi avons accompagné ma mère jusqu’au bout, jours et nuits, alors qu’elle s’éteignait aux soins palliatifs. Nous avons eu la chance de la prendre dans nos bras, la crémer, la rassurer, mais surtout lui chuchoter « Je t’aime et merci. » Tout ce temps accéléré m’a semblé comme une bénédiction, car malgré la souffrance et le vide laissé par son départ, j’ai eu la chance de l’avoir comme mère. Une mère entière et dévouée qui m’aura transmis son amour inconditionnel.

Aujourd’hui, quelques semaines plus tard, je poursuis mon existence avec une « poque » de plus sur le cœur, ce pauvre organe un peu inégal et rabouté, mais toujours en fonction. C’est d’ailleurs ce qui me fascine : le soleil continue de se lever, l’hiver fait son chemin, la poussière se dépose et la vie continue. Malgré le chagrin, la désillusion, la douleur : la vie continue. Je me surprends à avoir du plaisir, à rire, à chatouiller mes enfants et leur faire des « prouts » sur la bedaine. Je suis encore là, mais sur une autre trajectoire quelque part!

Parce que oui, la vie reprend son cours, mais elle ne sera plus jamais la même. Je choisis qu’elle soit différente. Sans être pessimiste, mes deux parents sont décédés jeunes, le calcul se fait assez rapidement dans ma petite tête pour comprendre que je ne risque pas d’atteindre 100 ans.  Je décide donc de prendre le temps et de savourer.

J’ai tendance à oublier que mes enfants grandissent trop vite, que le temps perdu dans le trafic ne se récupère pas, que les plus simples bonheurs sont les plus précieux, que respirer n’est pas une option et que la richesse d’une amitié sincère est irremplaçable. Je me laisse trop souvent envahir par un deadline serré au travail, le ménage qui n’est jamais parfait, mon manque de liquidité, mon linge démodé… Mais maintenant, lorsque je ferme les yeux, l’image de ma pauvre maman souffrante m’engloutit. Ainsi, tout se remet en place et m’apparaît clair : je n’aurai pas la chance de vivre deux fois!

Crédit photo : Anne-Marie Pepin

Maman, merci d’avoir été si pleine d’amour, d’empathie, de reconnaissance, de toi.

Est-ce que la mort d’un proche a changé certaines de vos valeurs en place?

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