L’autre jour, j’ai laissé ma place dans le métro. Pas juste pour le fun d’être debout en pleine heure de pointe, non. Je l’ai fait pour accommoder une future maman qui venait de faire son entrée dans mon wagon.
Non, je ne fixe pas la porte avec des yeux de félins prêts à bondir de mon siège pour donner à mon prochain. En fait, c’est bien le contraire. J’avais mes écouteurs dans les oreilles et les yeux rivés sur les phrases merveilleusement bien écrites par Tina Fey. Pourtant, j’ai été capable de voir cette dame portant le miracle de la vie dès que les portes se sont ouvertes.
Je dois avouer que j’ai pris sept secondes avant de lui céder gentiment mon siège. Juste assez de temps pour regarder intensément les deux beaux hommes assis devant moi, en espérant qu’un d’eux se lève et me fasse tomber en amour. Parce qu’un gars qui s’en fait pour le bien-être d’une femme enceinte, c’est un gars à marier dans mon livre à moi. Sauf que ma balloune s’est dégonflée assez vite quand je les ai vus regarder la scène et fermer leurs yeux comme de beaux princes cherchant le sommeil.
Oui, oui. Vous savez de quoi je parle! Ce moment où quelqu’un ferme les yeux pour faire croire qu’il ne pouvait pas savoir qu’il devait céder sa place puisque ses paupières lui cachaient la vue, t’sais. J’appelle cette réaction le syndrome de la Belle au bois dormant.
Crédit : Giphy
En regardant les autres passagers du wagon, je me suis rendu compte que nous faisions face à une épidémie de gens qui manquaient tout à coup terriblement de sommeil. Ou encore, peut-être que Messmer était en pleine séance d’hypnose et que j’étais la seule immunisée. Je pense que ce sont les seules explications possibles. Je me suis donc lancée et j’ai offert mon trône à cette mère en devenir. Elle l’a accepté avec le plus grand des sourires.
Bien agrippée au poteau, je me suis demandé pourquoi j’étais la seule à m’être levée. Pourquoi sommes-nous rendus à ce point individualistes? Pourquoi tout le monde veut rester collé à son siège coûte que coûte? Ne serions-nous pas heureux de savoir que quelqu’un, quelque part, s’en fait pour le confort et la sécurité de notre conjointe, notre fille, notre soeur, notre cousine ou notre amie?
Je me suis alors souvenue de toutes ces fois où je me suis tenue debout, le cœur au bord des lèvres, en espérant qu’une âme charitable veuille bien m’accommoder le temps d’une quinzaine de minutes. De tous ces gens au regard exaspéré qui n’avaient pas envie de se lever lorsque je leur avais demandé le plus gentiment du monde. À tous ces gens qui regardait mon corps grassouillet et qui me pensaient seulement lâche de demander une place. Ou sinon, tous ceux qui ne me croyaient pas encore assez enceinte parce que, t’sais, faudrait avoir l’air d’être sur le bord d’accoucher pour avoir besoin d’une place assise.
Alors, la prochaine fois que vous voyez une femme enceinte entrer dans le métro ou le bus, cédez-lui votre place. Ne faites pas une Belle au bois dormant de vous!