C’est presque un défaut de fabrication tant la voix de ma soeur jumelle est belle à côté de la mienne, qui est éteinte. Je chante faux et tout bas pour ne pas trop déranger. Je fredonne des airs en secret quand personne ne risque de m’entendre : dans la voiture ou sous la douche ou quand je me crois seule dans la maison. Ha!
Sauf que je ne suis plus jamais seule, chez moi, maintenant. Je vis avec un bébé-petite-fille qui répète la moindre note sortant de ma bouche à la perfection. Si bien que je me suis mise à chanter, sans gêne, de plus en plus souvent. À la moindre occasion, je fredonne pour toutes sortes de raisons que je vous partage ici!
1. Crier chanter
Laure est dans une passe plutôt difficile. Elle refuse ou accepte-et-refuse, refuse, accepte, refuse, refuse, refuse. C’est « non » pour tout : « non » pour la nourrir, « non » pour l’habiller, « non » pour une histoire (pas toujours, mais parfois), « non » pour jouer, « non » pour lui changer sa couche.
Parfois, j’explose intérieurement. Hurler me ferait du bien, mais j’ai découvert que chanter est encore plus efficace. Fredonner n’importe quoi, les deux mains dans la merde, suffit à immobiliser mon petit « ange » le temps de la mettre propre. Elle devient silencieuse, m’observe, m’écoute et rit. Et je ne veux plus arrêter de chanter.
2. La « voix » rapide
Je trouve la conduite en voiture plutôt difficile avec un bébé. Avoir une vision périphérique tout en observant ce qui cause la crise de larmes de ma fille demande un super pouvoir que je n’ai pas. Parfois, il me faut rouler dans la noirceur et lui faire subir de longues minutes seule dans l’obscurité, attachée dans un siège qui n’est pas conçu pour des habits de neige. Bref, elle étouffe, angoisse, hurle. Il suffit que je fredonne un petit « Frère Jacques. Frère Jacques! Dormez-vous? » pour qu’elle s’apaise et reprenne les paroles avec moi.
Au fil des notes, moi aussi, je sens la pression diminuer. C’est comme si les battements de mon coeur entraînaient le pouls de mon bébé. Nous sommes dans un monde ouateux de notre confection. Il fait doux.
3. Apprendre
Laure compte jusqu’au chiffre 7 et fredonne des petits bouts de l’alphabet avec moi. Je ne sais pas si ce savoir est précaire pour son presque 2 ans, mais ce qui me paraît évident, c’est qu’elle a acquis ces connaissances en chantant!