Cette maman-là

Je ne sais pas encore si je suis une maman. Enfin, une maman telle que je me l’imagine. Je ne suis encore que moi, mais avec 2 enfants. Juste la continuité de moi. J’ai pas encore senti de transformation, de révolution, d’épiphanie. 

C’est quoi une une vraie maman? Pour moi, une maman c’est des calins, de la douceur, des chansons et des berceuses. Des fous rires. 

Une maman sait être patiente, organisée, efficace et a un sens de l’organisation digne des coordonateurs des Jeux Olympiques. 

Eh ben tout ça, moi, j’ai pas ça. Soit la bonne fée de la maternité m’a oubliée au moment de la distribution, soit j’étais partie faire pipi.  

Je ne suis pas devenue un modèle de tolérance avec les enfants. Avec les miens ou ceux de mes amies proches, ça passe encore, mais ceux que je ne connais pas, c’est une autre histoire. Au parc, par exemple, ceux qui me prennent spontanément pour leur amie, bleh. Je ne suis d’aucune complicité. La morve des autres, elle m’écoeure.

J’ai jamais été reconnue pour ma délicatesse ou ma douceur, au contraire. Et encore moins pour être ordonnée!  Ensuite, je chantonne comme une casserole plus que bosselée et je dessine comme un pied. Je gagne haut la main au jeu de qui est le plus bébé-la-la parce que tous mes jujubes ont été mangés. Oh! Et donner le bain ne représente pas du tout pour moi un moment d’extase et de détente. C’est que, voyez-vous, ça m’assèche les mains. 

Je dois admettre que je suis plus patiente que je ne l’aurais cru, il est vrai. Seulement, j’ai encore du chemin à faire. Je suis encore trop prompte.  

Oh! Il y a bien eu des moments où je me suis dis que j’avais atteint le comble de la maternité comme cette première fois où j’ai préparé le souper en allaitant. Ou cette autre fois où, en allaitant ma plus petite, j’ai essuyé d’une main les fesses de mon plus grand qui avait fini son caca…Mais ça, c’est pas du talent ou de la magie avec des sparkles dans les airs, c’est plutôt de l’ordre du faut-faire-avec-life-is-life.  
 

Bien sûr, je sais créer des moments tendres. J’aime trouver le petit truc chouette à faire : une activité, un évènement, un bricolage.  Mais j’ai parfois l’impression que je le fais pour moi.  Pour me prouver je ne sais trop quoi. Comme si on m’observait de haut et qu’on me donnait des notes ou des high-five. C’est con, hein?

Ça semble navrant raconté comme ça, mais je ne le vis pas du tout comme ça. Je réalise simplement que je suis cette fille-là qui devenue maman dans le sens de « avoir des enfant », simplement. 

Mais je suis aussi celle qui s’en fout du crayon feutre sur le mur (merci Crayola!). Je suis celle qui peut passer à travers tous les livres de la bibliothèque en faisant des voix différentes à chaque personnage. Je suis celle qui met de la musique fort et qui danse n’importe comment. Je suis celle qui voit en un simple trajet métro-autobus une grande aventure! Je suis celle qui mange quand on a faim et dort quand le temps semble venu. Je suis celle qui préfère rester en pyjama devant la télé un mercredi matin plutôt que de courir à la garderie. Je suis celle qui fait des biscuits aux pépites de chocolat pour diner et qui trouve pas ça grave s’il reste quelques coquilles d’oeufs dans la pâte. 

Tout compte fait, je ne suis certainement pas la maman douce et câline que je rêverais d’être. Par contre, j’ai la certitude de faire du mieux que je peux et que je suis sincère avec moi-même. 
 

Serait-ce la métaphore de tout ce que je suis?
Crédit : Marie-Eve Bouliane