Le deuil animal — voir le positif dans l’apprentissage des grandes étapes de la vie
Christine Porlier On a vécu pendant un an et demi avec un petit chien. Un chien abandonné qu’on a adopté. Malgré tous nos efforts pour la garder avec nous, Fenouil était un esprit libre, sans attaches. Elle a fini par se faire frapper par une voiture. Néanmoins, malgré la tristesse, ça a été une belle occasion d’échange avec les enfants. Ça prenait bien une petite bête pour nous faire vivre un grand moment d’humanité.
Quelques heures après l’accident, j’ai parlé au vétérinaire. Nous avons pris la décision de faire euthanasier la chienne parce que ses blessures étaient vraiment importantes et souffrantes. Mais avant, je tenais à ce qu’on aille la voir, les enfants et moi, pour lui dire adieu.
Je ne savais pas du tout comment ils allaient réagir. Est-ce que je faisais la bonne chose en les amenant chez le vétérinaire? Je pense que oui. Ça rend l’expérience plus concrète. Ça donne une image de la mort réaliste. Les êtres ne sont pas nécessairement vivants, bien portants et tout d’un coup, ho! ils sont morts.
Sous sédatif à cause de la douleur, elle était vraiment amorphe. En fait, c’était parfait. Si elle avait été plus mobile, elle aurait sûrement voulu se lever pour nous faire une fête. Ça aurait été douloureux pour elle, et plus dur pour nous. J’étais contente que les enfants puissent la voir « amochée », mais pas souffrante. Qu’ils prennent conscience qu’elle était trop blessée pour survivre.
C’est une très belle occasion pour les enfants d’essayer de comprendre le sens de la mort. En fait, on parle d’animaux, mais la prise de conscience se fait malgré tout par rapport à notre propre fin. Ça va arriver, nécessairement, à des gens autour de nous, et ultimement, nous mourrons nous-mêmes. Ça a l’air évident dit comme ça, mais ce sont des choses qu’on doit apprendre.
Je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de pleurer avec mes enfants, et je crois que c’est bien pour eux de voir que leurs parents sont aussi des humains comme les autres, comme eux. Qu’on vit les mêmes émotions et que c’est normal de les extérioriser.
Finalement, la rencontre avec Fenouil blessée s’est mieux déroulée que je pensais. Je pense même que c’est moi qui ai eu le plus de difficulté à partir! Mon aînée (six ans) s’est contenue pendant la visite, sans nécessairement se sentir gênée d’avoir de la peine. Mon fils, lui (quatre ans), après avoir lancé son « je veux pas qu’a mourisse », a surtout posé une suite infinie de questions à la vétérinaire, fasciné par tout ce qu’il voyait dans la clinique.
La vétérinaire a d’ailleurs été tellement compatissante. Elle nous a laissés seuls avec Fenouil le temps des adieux, tout en étant disponible pour toutes les explications. (Merci Linda!)
Depuis sa mort, il y a seulement ma plus grande qui me reparle de la chienne. Elle s’ennuie. Lorsqu’elle voit un chien de la même couleur, par exemple. Je résiste à l’idée de remplacer Fenouil par un autre chien ou un autre animal rapidement. C’est vraiment tentant pour moi de vouloir panser la blessure avec un autre animal, mais j’attends que tout le monde soit prêt (moi surtout!)
Comment avez-vous géré la mort d’un animal domestique familial?