Je me souviens de mes premiers temps en tant que maman, j’étais vraiment frue. J’étais béate aussi devant mon petit bébé qui m’émerveillait, mais je ne comprenais pas comment nous allions faire, mon chum, le petit et moi pour réussir à passer au travers de la vie.
En novembre, ma belle-mère m’a acheté le livre Les tranchées de Fanny Britt. Profitant du fait qu’elle était là, qu’elle avait fait le ménage chez moi et qu’elle s’occupait du petit, j’ai lu le livre d’un coup dans mon bain et je n’ai jamais été capable d’arrêter de pleurer. J’ai pleuré le poids de ma maternité, le poids de la conciliation travail-famille. J’ai pleuré parce que Fanny mettait le doigt sur mon sentiment en tant que maman, j’étais « en tabarnaque ».
Je me suis demandé pourquoi j’étais si fâchée. Clairement, je savais que le travail que je faisais, le travail que je m’imposais, surtout, et l’aide de mon chum que je ne demandais pas étaient l’une des grandes sources de ma frustration quotidienne. J’étais fâchée de ne pas être capable de mettre mes limites, de ne m’en laisser imposer par les autres, de vouloir tout faire et de ne jamais rien faire pour moi vraiment. Je sentais que la responsabilité de cet enfant-là, c’était moi qui la portais au complet.
Il a fallu que je sorte à mon party de Noël pour comprendre que j’allais exploser.
J’étais consciente que j’étais dans une position de privilège. Nous ne roulions pas sur l’or, mais nous avions de l’aide, j’ai appris à m’arranger pour bien manger avec pas grand chose, nous avions tout le matériel de base nécessaire, et je pouvais toujours me tourner vers une ressource ou une autre.
J’ai commencé à dire à mon chum que je devais avoir de l’aide. Pas de l’aide de mes ami-e-s, son aide à lui. C’est niaiseux, mais je me sentais tellement dans l’urgence et j’étais tellement sur le qui-vive pour mon petit que je ne m’étais même pas rendu compte que mon propre chum était aussi là pour m’aider. En y repensant, c’était quand même évident que j’aurais pu lui parler de comment je me sentais, à lui, en premier.
Est-ce qu’à ce moment-là, magiquement, tout s’est placé? Non. La répartition des tâches, la conciliation travail-famille et le fait de réussir, tout le monde ensemble, à s’épanouir individuellement, c’est vraiment un travail de longue haleine. Ça commence en mettant certaines choses en perspective, comme que personne ne meurt si la vaisselle dans le lavabo n’est pas dans le lave-vaisselle. Ça passe par établir des règles claires pour tout le monde. Par exemple, quand les amis d’une personne viennent souper, c’est cette même personne qui doit faire la vaisselle et le ménage après. Ça passe aussi par une compréhension des qualités et des défauts d’une personne, de ce qu’elle aime et ce qu’elle aime pas et par un million de compromis.
Finalement, une partie du travail passe aussi par la reconnaissance du travail d’une personne et d’une autre. « Merci d’avoir fait la vaisselle », ce n’est pas sorcier et c’est surtout une façon de montrer que c’est apprécié. Puis, c’est chacun qui dit merci à l’autre pour ce que l’autre apporte. Ce n’est pas parfait comme méthode, mais pour le moment ça fait du bien.
Comme ça, en me parlant, en lui parlant, je suis vraiment moins frue. Je reste un peu frue, des fois, parce que c’est ma personnalité. Mais reste que l’égalité dans mon couple se travaille chaque jour et s’améliore chaque jour aussi!
Est-ce que les tâches sont divisées également chez vous?