J’ai toujours un petit sourire en coin quand une maman me demande si j’ai pu respecter mon plan de naissance. Chaque fois, je suis mitigée entre lui dire que le mien avait été écrit par les princesses de Disney ou que je n’en avais pas. Ma sœur est infirmière en obstétrique dans un établissement ami des bébés et moi j’étais la femme enceinte qui avait hâte d’accoucher, mais qui ne semblait pas réaliser ce que ça comportait.
Des conversations intenses, nous en avons eues toutes les deux. Je me disais qu’à 27 ans, j’étais assez grande pour décider ou non de faire un plan de naissance. J’avais lu des livres, feuilleté toutes les revues et acheté tout ce qui était recommandé, mais honnêtement, j’ai eu un choc lors de mon accouchement.
Quand je me suis présentée à l’hôpital avec mes contractions aux cinq minutes et dilatée à trois cm, il n’y avait plus de chambre libre : j’ai été stationnée dans le débarras. Ouin, à travers les balais et les draps de rechange! Le bain à remous ne m’a pas fait de bien du tout. La péridurale n’a pas fonctionné. Mais, surtout, ma fille est née avec son cordon autour du cou, du méconium plein le liquide amniotique, un teint bleuté et une température anormale. Je vais vous éviter la cote du Apgar.
Les premières minutes de sa vie, elle les a passées en incubateur. J’ai dû attendre six heures pour la voir. Ces heures ont semblé une éternité avant que je puisse la prendre dans mes bras. Une maudite chance que je n’avais pas de plan, car j’aurais été déçue sur un moyen temps! Par contre, réféchir sur ce que l’on souhaite ou pas, en discuter avec le papa du bébé, c’est important. Croyez-moi, en pleine panique et en douleur, ce n’est pas le meilleur temps pour s’obstiner et faire valoir ses points!
Après l’accouchement est venue la culpabilité. Le doute que, peut-être, je n’étais pas assez préparée. Les jours qui ont suivi m’ont fait croire que je n’étais pas à la hauteur. Je n’avais peut-être pas d’instinct maternel? J’étais peut-être trop princesse? Ariane, ma fille, pleurait sans arrêt. Je faisais du lavage à 3 h du matin parce qu’elle vomissait en jet. La pédiatre la suivait de près, changeait le lait, mais rien n’y faisait. La petite était si hypotonique qu’elle avait peine à téter. L’allaitement n’était pas possible! Tous les biberons ont dû être essayés avant d’en trouver un qui lui permettrait de s’alimenter. Je me trouvais tellement incompétente.
Ma mère, me voyant en pleurs et découragée, me proposait de lui laisser Ariane pour une nuit, mais j’avais si peur qu’elle s’étouffe pendant son sommeil en raison de ses vomissements fréquents. Quelques semaines plus tard, ma fille était hospitalisée d’urgence et transférée dans un hôpital pour enfant. Il a fallu 3 ans et demi avant que les spécialistes arrivent à un diagnostic, ou des, plutôt. C’était un cas complexe. Elle a maintenant six ans et quand je regarde la liste de ses diagnostics, je sais que ce n’était pas moi l’incompétente, mais bien elle qui était différente.
Je n’avais pas de plan de naissance, mais honnêtement, qui peut se préparer à ça? Si tout comme moi, vous vous sentez incompétente, je vous dit que ça va finir par aller. Puis, qu’avec le temps, vous allez réaliser qu’avec un plan ou sans, c’est correct. Que vous avez fait de votre mieux, que vous avez bien fait ça. Bref, que ce n’est pas de votre faute si votre accouchement n’était pas digne d’un conte de fées.
Ne doutez pas de vous, ça va aller!
Avez-vous vécu, comme moi, une déception après votre accouchement?