Au début de l’année, j’ai pris la difficile décision de cesser mes études de doctorat. Épuisée par le manque de sommeil causé par les rhumes et les poussées dentaires interminables, ainsi que la routine de Sisyphe boulot/étude/ménage/épicerie/ET (SURTOUT) BÉBÉS D’AMOUR, j’ai senti que je ne pourrais maintenir ce rythme effréné encore bien longtemps avant que quelque chose ne se brise, moi en l’occurrence.
À contrecœur, j’ai dû couper la seule chose que je pouvais dans mon horaire : le temps consacré à mes études. Depuis mon entrée au baccalauréat, je savais que ce que je voulais, c’était un doctorat dans mon domaine (possiblement un postdoctorat) et enseigner à l’université. J’y étais, j’atteignais le but. Et voilà que ce rêve devenu tangible devenait à nouveau du rêve. J’ai compris que je me réalisais à travers mon doctorat, qu’il me permettait de me dépasser, de développer des aptitudes apprises au cours de mes études de baccalauréat et de maîtrise, bref, que j’étais fière de ce que je faisais. De perdre cet aspect positif de ma vie, eh bien, ça m’a fait un choc, mon estime de moi en a pris un coup. J’ai été déprimée pendant de longues semaines, incapable de combler cette tristesse, ce vide.
Crédit : Marta Pedreira
J’ai alors songé à commencer à enseigner au collège (ça doit bien me servir à quelque chose, ma maîtrise, han!) et puis est venue cette réflexion effrayante : je suis prise au piège. Si je peinais à ce point à conjuguer mes études avec ma vie de famille et mon emploi, comment m’en sortirais-je avec deux emplois? De toute évidence, être responsable de deux bébés implique que je ne peux pas quitter un poste permanent pour une charge de cours contractuelle.
J’ai dû me rendre à l’évidence que tant mes études que ma carrière doivent être mises en veilleuse pour un temps indéterminé. Mes filles passent évidemment avant toute aspiration professionnelle, mais, là encore, ce fut un coup dur à encaisser. J’ai perdu le goût de lire (moi qui dévorais plusieurs livres par semaine), j’ai douté de ma capacité à reprendre mes études un jour (oui, mais quand?), j’ai douté de pouvoir un jour enseigner, je ne faisais plus que vivre au jour le jour, trimballant ma peine en arrière-pensée parce que je n’avais pas vraiment le temps de la vivre.
Crédit : giphy.com
Puis les rhumes se sont espacés, les dents ont presque toutes percé, un semblant de calme est revenu. J’ai pu dormir quelques nuits complètes, souvent collée contre une de mes filles, parfois même les deux, un petit bras reposant sur mon visage, un petit pied contre une des mes côtes, des petits cheveux me chatouillant le nez. Nous nous sommes installées dans le confort de notre routine du matin et du soir, et j’ai appris à aimer cette paix, cette lenteur. #SlowToute
Les matins où je ne travaille pas, je prends le temps de prendre le temps. Être avec mes filles, savourer ces moments avec elles sans avoir à courir les porter à la garderie parce que je dois avancer mes recherches. J’ai aussi commencé à prendre du temps pour moi, j’ai recommencé à lire, à prendre parfois un bain, écouter des films, prendre mon temps à l’épicerie pour regarder les produits parce que ça me tente, parce que je n’ai plus à courir chez moi pour faire un blitz d’étude avant d’aller chercher mes filles.
Et je me dis que, peut-être, peut-être, ce n’est pas une si mauvaise chose que mes études et ma carrière patientent dans un coin que je les reprenne parce que, en attendant, je peux prendre le temps de voir grandir mes filles. #Priceless
Avez-vous dû mettre votre carrière ou vos études en veilleuse? Comment l’avez-vous vécu?