La vie m’a fait prendre une route que je n’avais pas imaginée dans aucun de mes nombreux scénarios de vie. Parce que je suis une scénariste de vie quasi professionnelle.
J’ai décidé de quitter mon quotidien, mon confortable, mon acquis. J’ai aussi décidé de mettre ma carrière de côté. Une carrière, oui, qui débutait, mais le genre de carrière qui ne peut être sur une trop longue pause. J’ai fait le choix de déménager à des kilomètres de chez moi, sans connaître la destination finale au moment de prendre la décision.
Malgré tout ça, malgré le fait que je m’ennuie terriblement de ma famille et de mes amis. Malgré le fait que je ne sois pas dans le lieu où je rêverais de vivre. Force est d’admettre que je suis arrivée à la bonne place, celle qui allait faire éclore ce qu’il y avait en moi.
Je suis tombée enceinte aussi. Voulu, certes, mais pas prévu. Je voulais trouver une job, une carrière, un hobby, une passion, me mettre au crochet. N’importe quoi, avant même de penser enfanter. Je voulais un revenu stable, des avantages sociaux, un prêt étudiant un peu moins élevé. Je voulais l’autonomie. Nah, ce n’est pas arrivé comme ça.
À grands coups de vague à l’âme, et ce, pendant quelques semaines – faut dire que les nausées et la fatigue n’aidaient pas mon état – je me suis demandée ce que j’allais faire des mes dix doigts, comment j’allais devenir cette personne que je rêvais d’être. Une femme, une professionnelle, une adulte « Épanouie ». Avec un « e » majuscule, toi chose.
Honnêtement, je ne sais pas comment j’ai fait, mais je l’ai fait. Un matin, je me suis réveillée (nausée en moins, mais ça c’est purement pharmacologique, merci Diclectin!) et j’y étais. Juste là, à la bonne place, au bon moment. J’ai pris conscience de la vie qui se déroulait autour de moi et dans laquelle je n’étais pas spectatrice. Je tenais même le rôle principal.
C’est cliché? Oui, mais c’est vrai. J’ai l’impression d’avoir passé tellement de temps à me faire des plans et des scénarios, à visualiser ma vie rêvée, que j’ai oublié ma capacité à faire partie intégrante du moment présent et de ma réussite. Oh, la vie s’est souvent chargée de me rappeler que je jouais dans un film de série B. Mais si ça ne me tente plus, moi, ces films-là ?
Il y a du travail dans tout ça. Je ne pense pas qu’on obtienne, tout cuit dans le bec, les bonnes choses qui nous arrivent. Je pense que nous les créons nous-mêmes. Je pense aussi qu’on oublie d’ouvrir les yeux pour les voir et les savourer.
Finalement, des fois, le meilleur des scénarios, c’est celui qu’on n’a pas trop planifié, celui qui se construit au feeling, celui pour lequel on doit prendre des décisions imposées. Des fois, le meilleur des plans, c’est de ne pas avoir de plan. On peut juste finir par mettre les pieds sur un trésor caché, orné d’un gros « X » rouge.
Vous avez déjà eu ce sentiment, celui quand les planètes vous font enfin la faveur de s’aligner pour vous?