Dans la vie, je suis optimiste. Parfois, je dis « oui » sans trop réfléchir. Je dis oui avec le cœur (salut Jacques Prévert!). Je dis non avec la tête. Le « non » m’intimide avec les arguments qu’il faut brandir pour le défendre. Je n’aime pas décevoir. Le « non » demande une personnalité que je n’ai pas. Face à l’opposition, je baisse la garde. J’obéis.
Sauf que ma petite fille « ange » est devenue désobéissante. Le « non » qui existait à peine il y a quelques mois vient d’apparaître chez nous. Un « non » qui se bouscule sur ses petites lèvres. Un « non » qu’elle répète en boucle, en explosant. Un « non » immense, immonde, qui prend toute la place (et qui n’a pas sa place).
Je ne pensais pas que ce « non »-là était aussi difficile à subir. Il serait tellement plus simple d’abdiquer. « Tu veux marcher nu-pieds dans la neige ? Go. Maman est fatiguée de se battre. » Mais capituler au moindre désir de mon bébé ne lui apprendrait pas à vivre en société et à maîtriser sa colère.
Devons-nous dire oui au « non »?
Ce « non », je le découvre (il me semble) en même temps que ma Terrible Two. Ou peut-être qu’en devenant adulte je me suis appliquée à le refouler. En m’installant tranquillement dans la société, je me suis mise à le garder pour moi. Je suis une adulte qui accepte. Je souris. Je gobe.
Peut-être que ce « non»-là, terrible, a quelque chose de bien, finalement. J’aurais voulu être une enfant qui apprenne à tenir tête (quand il le faut). J’aurais voulu ne pas être une petite fille (et une adulte) timide. J’aurais voulu apprendre à refuser et à m’affirmer. J’aurais voulu ne pas percevoir le « non » comme un mot tabou. Ne pas tout le temps penser à ménager l’autre. Ne pas craindre (sans cesse) de décevoir.
« Très peu d’hommes et de femmes existent par eux-mêmes, ont le courage de dire oui ou non par eux-mêmes. » écrit Marguerite Yourcenar.
Yes! Dire « oui »!
En même temps, il me semble que l’acceptation a quelque chose de doux. Depuis que je suis maman, je veux croire que la vie peut être belle. Que l’humain est bon et que les obstacles sont récompensés. Je veux croire quand disant « oui » on ouvre les portes.
Je dis « oui » plus souvent depuis que j’ai une enfant. J’ai le goût de croire. J’ai le goût de me battre pour la petite vie que j’ai mise au monde. J’ai le goût d’oser dire les choses. Oser le « non » comme oser le « oui ». Depuis que je suis maman, je veux croire au bonheur. J’ai choisi de dire « oui ».
Quelles réflexions l’âge du « non » suscitent-elles en vous?