Dimanche 7 juin

Il est 8h30 et la dernière fois que j’ai parlé à ma cousine Isabelle, c’était la veille vers 13 h. Elle était en salle d’accouchement. Mon oncle m’appelle pour me dire que la petite est née, mais qu’il y a eu des complications et qu’ils craignent pour sa vie.

Tout se fige autour de moi. Tout sauf la boule douloureuse qui monte dans ma gorge.

Voici ce qui s’est passé.

Mercredi 3 juin

Isabelle commence à avoir des contractions en après-midi. Elles sont irrégulières, mais jamais plus de 15 minutes ne les séparent. Cela dure jusqu’au samedi, sans pause. Elle se rend deux fois à la maternité, mais on la renvoie chez elle, car le travail est latent. Vendredi, on lui offre un calmant pour l’aider à supporter la douleur intense. Elle le prend en espérant avoir un répit, mais l’effet passe très vite avec la douleur des contractions. Elle doit endurer.

Samedi 6 juin

Isabelle se glisse dans son bain tôt dans la nuit. Cela aide à espacer les contractions. Dès qu’elle en sort, elles se rapprochent. Elle reste dans le bain jusqu’à 6 h, jusqu’à ce que le réservoir d’eau chaude soit vide. Elle part pour l’hôpital à 8h30. Les contractions viennent maintenant toutes les 10 minutes et durent 3 minutes. Après trois jours de travail en continu, elle n’en peut plus. Elle demande à son chum, Mathieu, de préparer sa valise et celle de la petite. « Ils vont me la sortir aujourd’hui! », lui dit-elle.

Arrivée à l’hôpital, elle n’a plus d’énergie. L’infirmière lui annonce qu’elle est dilatée à sept centimètres. Isabelle demande aussitôt la péridurale. Il est 10 h 50 lorsqu’on lui administre. Vers 15 h, on crève ses eaux et on lui donne du Pitocin pour accélérer le processus. À 19 h, elle est complète.

20h30

Isabelle commence à pousser. Après une heure d’efforts, une infirmière entre dans la salle d’accouchement et demande au médecin de la suivre. Elle se fait insistante. Le docteur encourage Isabelle à continuer à pousser avec l’infirmière qui l’accompagne depuis le début. La confiance d’Isabelle disparait illico. Elle se demande ce qu’il peut bien y avoir de plus important qu’elle qui accouche, à ce moment précis. Ses poussées ne sont plus efficaces.

Le médecin revient après 30 minutes avec une ventouse et un kit d’urgence. Elle fait une tentative avec la ventouse, mais en vain. Elle dit à Isabelle qu’à la prochaine poussée, elle devra tout donner pour sortir sa fille.

10h23

À l’aide de la ventouse, la petite naît. On coupe le cordon et le bébé est aussitôt déposé dans un incubateur. Elle a le teint gris verdâtre et ne pleure pas. Quatre infirmières entrent rapidement et se ruent autour du bébé. Elles la secouent pour voir si elle respire. La petite ne pleure pas. Elle émet de faibles sons.