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Une naissance qui tourne au cauchemar, Partie 2
Crédit: Isabelle Lafond
Partie 1

Isabelle ne sait pas ce qui se passe. Comme c’est son premier accouchement, elle croit que tout est normal. Mathieu voit bien que ça ne va pas.

Le médecin, calme et professionnel, vient avertir les parents que le bébé passera la nuit sous surveillance à la pouponnière parce que l’accouchement a été difficile pour elle et pour la mère. On présente la petite Raphaëlle à ses parents qui l’embrassent et on l’amène.

Un peu plus tard, Isabelle et Mathieu vont voir leur bébé. Plusieurs fils sont branchés sur elle. Ils sont loin d’imaginer la gravité de la situation. Isabelle va se coucher. Deux minutes plus tard, on cogne à la porte.

C’est là que le cauchemar commence.

 « Il faut que je vous parle », dit le docteur. « Les ambulanciers de l’Hôpital de Montréal pour enfants sont en route pour venir chercher Raphaëlle, ça ne va pas bien. Venez la voir pour lui dire au revoir, on ne sait pas si elle va se rendre ».

Le cœur d’Isabelle s’arrête. Mathieu s’effondre sur le lit. Ils pleurent. Ils se jurent d’être forts. Isabelle ne peut pas sortir, mais Mathieu peut suivre l’ambulance dans sa voiture. « Tu la suis, je ne veux pas que tu la perdes de vue. Va prendre soin de mon bébé, je ne veux pas te voir ici », lui dit-elle.
L’équipe lui installe un cathéter pour les transfusions sanguines. Raphaëlle part deux heures plus tard.

Pendant ce temps, le docteur informe les parents que le bébé va déjà mieux, mais que sa pression est très basse puisqu’elle est restée longtemps dans le col et que cela a comprimé sa tête. La ventouse a fait éclater les vaisseaux sanguins de sa tête et a occasionné une hémorragie. Le sang se retrouve donc presque tout dans sa tête. Néanmoins, son taux d’oxygène est bon.

On lui fait une transfusion sanguine à Saint-Jérôme, avant son départ. Cela permet à son cœur de se reposer parce qu’il travaille fort depuis la naissance. Sa situation est encore critique.

Mathieu arrive à l’Hôpital de Montréal en même temps que l’ambulance. Il ne quitte plus sa fille. Le médecin de garde lui dit qu’il ne craint pas pour sa vie, mais que les douze prochaines heures seront déterminantes quant aux séquelles possibles.

Dimanche 7 juin

Isabelle reçoit son congé de l’hôpital le matin. Elle peut aller rejoindre sa fille et son chum à Montréal.
Lorsqu’elle arrive, elle est accueillie par les infirmières qui connaissent déjà sa fille. Étrangement, elles la lui présentent. Les événements se sont tellement bousculés la veille qu’elle n’avait pas vraiment vu sa fille. Elle avait peur qu’elle ne la reconnaisse pas. Au contraire, Raphaëlle sourit et serre fort son doigt.

 

L’hémorragie cesse tôt le matin, or il reste encore des saignements en surface du cerveau. Son taux de coagulation n’est pas bon, alors on lui transfuse du plasma (la petite colle dans le sang). Le soir, les médecins constatent que la coagulation s’est améliorée, mais ce n’est pas encore parfait. Ils décident de lui refaire une transfusion afin de donner un répit à la petite qui a déjà travaillé plus qu’elle ne l’aurait dû jusque-là. Lundi 8 juin

L’infirmière attitrée à Raphaëlle informe les parents que son taux de coagulation est maintenant impeccable. On lui enlève le soluté qui la nourrissait et elle peut commencer à boire. Puisqu’elle est hors de danger, on dit à Isabelle et Mathieu qu’elle pourra sortir vendredi, idéalement, mais que lundi serait réaliste. Mardi 9 juin

La nuit se passe à merveille et elle boit bien. Ils lui enlèvent son cathéter et les parents peuvent enfin la prendre dans leurs bras pour la première fois. Isabelle laisse papa la prendre en premier pour le remercier d’avoir veillé sur sa fille tout ce temps.

On leur annonce qu’ils pourront quitter avec Raphaëlle le lendemain matin, plus vite que prévu, si ça continu à bien aller ainsi. Mercredi 10 juin

Le congé signé, la famille peut partir. Un scan du cerveau révèle qu’il n’a pas été atteint et que le bébé n’aura aucune séquelle due aux complications. Ils se rendent alors au travail du père d’Isabelle sans le prévenir. Quand il voit Isabelle dans l’auto, il pense que la petite est décédée. Il ne voit pas son expression. Lorsqu’il voit Mathieu sortir la coquille de la voiture, il tombe à genoux et se met à pleurer de joie.


Raphaëlle à 9 mois. Crédit : Isabelle Lafond
 

Le médecin qui a accouché Raphaëlle a dû quitter Isabelle pour un code bleu. Une réanimation qu’elle a réussie. Tout le monde a été sauvé au final.

Avez-vous vécu un accouchement qui a viré au cauchemar? Comment avez-vous surmonté les événements?

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