J’ai longtemps été une fille hyper relaxe. Une fille qui prend les choses comme elles viennent et qui pourrait passer des heures à ne faire rien d’autre que de rêver les yeux grands ouverts. J’étais, dans une vie antérieure, une fille vraiment cool. Je ne le suis plus.
Nous sommes lundi matin et je fonce vers la job. Je cours comme une malade. Encore une fois, je vais être en retard.
Ce matin, ma fille de 2 ans ne veut pas s’habiller. D’abord, il y a eu la tentative de la laisser mettre ses vêtements toute seule. Puis, j’ai essayé de le faire moi-même. J’ai tenté d’y aller en la faisant rire (avec de l’humour, ça passe toujours mieux).
Tout allait bien jusqu’au moment où elle a eu envie d’enfiler le pantalon de neige qui traînait (encore) dans l’entrée malgré la chaleur (un p’tit 19°C). Alors, il a fallu que je trouve le moyen de lui enlever (sans créer de guerre). Après un certain bout de temps et beaucoup d’impatience, nous nous sommes retrouvées toutes deux sur le pas de la porte, prêtes à nous rendre à la garderie.
Dans l’entrée, des merles étaient en train d’extraire de leur bec des vers gras et grouillants. Ma petite fille suivait machinalement leurs gestes en s’exclamant. Je me suis rappelée les matins où je partais doucement en vélo au travail accompagnée par le vol des tourterelles. Je me suis rappelée l’heure qu’il était et j’ai dit :
– Laure, il faut y aller.
Enfin, elle s’est mise en marche en prenant la bordure du trottoir pour sentier. Puis, elle s’est mise à faire la funambule en avançant sur la pointe des pieds. Elle a tendu les bras comme pour imiter le vol des merles. Elle a joué à bondir sur place, puis à reculer. Je la trouvais belle et drôle. J’aurais voulu rire avec elle. Et lui parler des oiseaux. Mais le temps filait. Et ma patience s’est rétrécie. J’ai insisté :
– Laure, il faut y aller.
Là, j’étais pour de vrai super en retard. J’ai pris Laure dans mes bras afin d’avancer plus vite. Je lui ai montré comment faire de grandes enjambées. J’ai éteint tout son émerveillement. J’étais en train de lui montrer comment se presser et comment commencer la journée en courant. Je déposais dans sa petite vie si belle du gros stress.
Ça m’a déçue. Et j’ai pensé : « est-ce normal de transmettre aux bambins dès le tout petit âge autant de tensions? » Dites-moi que non!