Je suis née à Montréal, je vis toujours à Montréal et j’élève trois enfants à Montréal. Parfois, quand je rends visite à des amis en périphérie, je rêve d’espace, du foyer extérieur, d’une cuisine spacieuse neuve et d’un « Drive way ». La question dans notre couple revient cycliquement : devrions-nous élever nos enfants en dehors de la grande ville?
En effet, nos cours montréalaises, quand on en a, logent à peine une table, deux chaises et un mini jardin. Oui, à Montréal, nos maisons sont plus petites et souvent un peu croches. Non, les enfants ne peuvent pas jouer au hockey dans la rue. Oui, les rues du Plateau Mont-Royal sont « incirculables » en voiture. Et que dire du stationnement inexistant ? Oui, on y croise des extrêmes quotidiennement. Des voitures Porsche circulent allègrement aux côtés d’itinérants.
Oui, la ville vibre d’une immense richesse multiculturelle. Non, Montréal n’est pas une ville dangereuse. Les grandes villes telles que Montréal sont hétéroclites pour le meilleur et pour le pire. En quelques kilomètres à peine on peut avoir un avant-goût d’Italie, du Portugal, de la Chine, d’Haïti et bien plus encore. On peut voir d’immenses maisons modernes et des blocs à logements en décrépitude.
Montréal et séparé par la Main, comme si un fleuve traversait l’Est et l’Ouest de la ville. En 35 ans de vie montréalaise, jamais je ne m’y suis sentie en danger.
Je deviens casanière avec l’âge et l’envie d’avoir une belle maison neuve et un vase espace me tente souvent. J’envie plusieurs aspects de la vie de banlieue, mais quand l’envie de déménager me prend je pense à mon adolescence montréalaise. J’ai passé mes 14-17 ans dans les cafés, les parcs et sur le Mont-Royal le dimanche. J’ai passé ma jeune vie d’adulte à revenir à pied avec mes copines des soirées arrosées. Je rentrais du cégep et de l’université en patins à roulettes. J’ai adoré mon adolescence montréalaise et j’ai envie de l’offrir à mes enfants.