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À la vie, à la mort : les couples sont-ils vraiment faits pour durer?
Crédit: Snapwire/Pexels

Aujourd’hui, mon couple s’est presque fracassé sur le plancher pas moppé de la cuisine. Pas lancé intentionnellement à bout de bras, pas saccagé par une quelconque trahison. Juste accroché du coude, bêtement. Il a basculé dans le vide. Il devait être en déséquilibre depuis un bout, à bien y penser.

Nous l’avons attrapé du bout des doigts. Déposé sur le seul petit coussin de tendresse partagée encore existant.

Nous étions là, à nous regarder dans le mouillé des yeux, effondrés sur les lattes de bois inégales. Nous nous sommes taloché l’âme le plus doucement possible, à grands coups de vérités.
«– Tu m’aimes-tu?
– Je sais pas. Je pense que oui… 
– Pis toi?
– Ma tête me dit que oui. Mon cœur est à off. »

J’ai reviré notre « nous » de tous bords, tous côtés. Je vois des imperfections, mais rien qui peut faire de moi cette observatrice impliquée juste assez qui se reflète dans le miroir. Qui peut faire de lui cet éternel insatisfait que je croise dans le corridor?

Puis, je me dis que c’est peut-être le concept du couple qui ne tient plus la route de nos jours. Celui qui dur et perdure tout au long d’une existence. Parce oui, il est possible de rester avec le même partenaire pour toujours. Autant aujourd’hui que du temps de mes grands-parents. Mais heureux, accomplis?

À la vie, à la mort. L’air de rien, le terme du contrat s’est rallongé de plus ou moins vingt ans dans le dernier siècle. Nous vivons dans une ère de tous les possibles. C’est donc vingt années de plus à se façonner l’intérieur. Avec tous les outils mis à notre disposition, tous les tabous abattus, toutes les révolutions intellectuelles, sexuelles, est-il sensé de demander à un être humain de ne pas changer? Non, c’est évident. De demander à deux humains de changer exactement dans le même sens? En ce moment, j’en doute. J’en doute beaucoup.

Aujourd’hui, nous sommes toujours appelés à nous surpasser, à faire plus. Alors nous appliquons aussi ce principe à nos couples, de façon consciente ou pas. Et si nous étions perpétuellement dans l’attente du mieux?

Et puis, il est si bien vu de penser à soi. Est-ce qu’il est possible que l’on perde le plaisir du moment présent avec l’autre à force de s’analyser le nombril? Et si, dans un couple, il fallait absolument qu’un des deux s’efface un peu, se calque à l’autre pour que ça fonctionne. Est-ce qu’on est encore prêt à faire ce sacrifice?

Mes questions partent dans tous les sens. Mon cerveau crée des raccourcis trop faciles, de liens qui ne reposent sur rien. Comment se fait-il que je ne SACHE PAS, tout simplement? Est-ce qu’on s’aime assez pour continuer? Ou pas?

La vérité c’est qu’à l’instant même, nous pouvons savoir ce qui se passe à des billions de kilomètres de notre planète. Mais que je suis incapable de savoir ce qu’il adviendra de mon micro-univers demain.

 

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