Le 15 mai dernier, c’était la journée de sensibilisation à l’hyperémèse gravidique. Une condition de grossesse rare, qui peut mettre la vie et la santé de la maman et du bébé en danger, et qui est souvent faussement décrite comme des nausées de grossesse sévères… L’hyperémèse, c’est beaucoup plus que des nausées de grossesse sévères. C’est indescriptible.
Souffrir d’hyperémèse gravidique, c’est rencontrer un mur. Dans mon cas, les nausées sont apparues avant le + sur le test de grossesse. Sur le coup, j’ai attribué ce mal de cœur intense à un virus. Trois jours après que le test positif, je me retrouvais à l’hôpital une première fois. Incapable de manger, de boire ou de garder quoi que ce soit. J’ai été admise et réhydratée une première fois à l’urgence. On m’a renvoyée chez moi en me disant de prendre du gravol. De retour à la maison, je me suis aussitôt retrouvée à quatre pattes dans la salle de bain. Le gravol ne changeait rien. Je ne mangeais plus, n’arrivais plus à boire. Comme l’hyperémèse s’accompagne souvent d’hyperolfaction, d’hypersensibilité à la lumière (les deux, pour moi) ou d’hypersalivation, la salle de bain est devenue mon refuge. Incapable de m’occuper de mon fils de deux ans ou même de le prendre dans mes bras (parce que son odeur – l’odeur de mon fils – me levait le cœur), j’essayais de ne pas pleurer parce que pleurer me donnait des hauts le cœur…
J’ai été admise à l’urgence une deuxième fois la même semaine. Réhydratée encore, et renvoyée à la maison sans autre aide. Ma médecin m’a reçue d’urgence, m’a prescrit un médicament aidant la vidange gastrique (maxeran) en plus du gravol et du diclectin. Elle a appelé l’hôpital devant moi pour que je sois admise à la maternité, on le lui a refusé. Elle m’a dit de retourner à l’urgence si le maxeran n’agissait pas.
Le même soir, j’étais admise une 3e fois à l’urgence. J’en étais à la 5e semaine, j’avais perdu une livre par jour pendant les huit derniers jours (en partant de 114 livres, ça paraît vite), j’avais une hépatite inflammatoire à cause de la déshydratation, je ne dormais plus à cause des médicaments. On m’a admise à la maternité après 2 jours à l’urgence, donné un médicament qu’on administre à ceux qui vomissent leur chimiothérapie (le zofran), gardée à jeun. On a ajouté à mon soluté des nutriments et vitamines essentielles pour éviter une encéphalite. Ça n’a pas aidé. La médecin me parlait de 22 comprimés à prendre par la bouche, si j’arrivais à rentrer à la maison. Sinon, c’était le tube de gavage et des semaines à l’hôpital.
Bref, l’histoire de cette grossesse s’est arrêtée le jour des 6 SA. J’ai eu ce qu’on appelle un avortement thérapeutique, à l’hôpital. J’ai avorté d’un enfant que je désirais, dont j’avais vu le petit cœur battre sur l’écran. On a mis fin à une grossesse (la 5e, après 3 fausses-couches) planifiée et désirée. Deux jours et un scan des poumons pour une embolie pulmonaire plus tard, j’ai pu quitter l’hôpital. Rentrer chez moi. Manger. Prendre mon fils dans mes bras. Et tenter, comme je le fais encore six mois plus tard, de comprendre ce qui nous était tombé dessus et de me reconstruire, sachant que je risque d’en souffrir encore si un jour nous décidons de retenter une grossesse.
En cette journée de sensibilisation à l’hyperémèse, j’ai une grosse pensée pour toutes les femmes qui traversent ce cauchemar, qu’il dure quelques semaines ou 40, et pour toutes celles qui n’auront pas la chance de serrer leur enfant dans leurs bras.
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