L’autre jour, je descendais un grand escalier dans le métro, et je me suis imaginé m’enfarger et me mettre à rouler, à débouler les marches à la manière d’un gros ballon. Vous savez, comme ce personnage du film Capitaine Crochet (classique de mon enfance), l’enfant perdu un peu corpulent gentiment surnommé « La Boule », qui roule sur lui-même pour faire trébucher ses ennemis? Remarquez, c’est une arme redoutable pour combattre les pirates voleurs d’enfance.
Je suis enceinte de 38 semaines et je me sens énorme. En fait, je me suis sentie énorme très tôt. Au début, tout le monde me disait « C’est normal, pour un deuxième bébé, le ventre « sort » beaucoup plus vite, mais tu verras à un moment, ça se stabilise ». J’ai pas l’impression que ça s’est stabilisé. À trois mois je me sentais déjà déborder de partout. À cinq mois je trouvais mon ventre complètement encombrant. Aujourd’hui, je peine à trouver une position confortable, à tout moment de la journée (et de la nuit). Quand je compare mon expérience à celle de ma première grossesse, j’ai l’impression d’avoir pris le double du poids.
Évidemment, c’est faux. J’ai à peine pris une livre de plus que la première fois (bon, il me reste encore deux semaines vous me direz!). Pourquoi alors je me sens si énorme, pourquoi est-ce que ma vision de ma prise de poids est si négative? Ouin : bienvenue dans le merveilleux monde des perceptions corporelles! Bien peu de « rationnel » entre en jeu quand une femme se regarde dans un miroir et se met à juger son corps.
J’ai beau me raisonner, je me vois énorme, sûrement plus que je ne le suis en réalité. Cette fausse image de moi est influencée par les désagréments banals de la prise de poids, comme la fatigue, ou ma difficulté à jouer avec ma deux-ans, mais elle vient surtout d’une comparaison avec les normes ambiantes. Même enceinte, il semble qu’on ne s’en sort pas : l’estime corporelle demande un travail constant sur soi, qui rime avec refus des conventions, déconstruction des modèles, valorisation et confiance en soi. L’affaire, c’est que souvent, j’ai l’impression d’être déjà bien assez occupée avec les études, la job, la famille, pour avoir en plus à « travailler sur moi ».
En tout cas, j’ai l’air de me plaindre, mais ne vous inquiétez pas, je fais partie de ces femmes chanceuses qui sont non seulement capables d’autodérision, mais qui sont aussi entourées de personnes qui leur répètent sans arrêt qu’elles sont belles, même version boule. Eh puis si jamais je m’enfarge dans un escalier et que je me mets à rouler sur moi-même, ça me donnera toujours une occasion pour crier BANGARANG! #foreverfandepeterpan
Comment avez-vous vécu votre prise de poids pendant la grossesse?