« Change d’air. Est-ce que ça va? Es-tu fâchée? Maudit que t’es sérieuse! » Ce sont probablement les phrases que j’ai le plus souvent entendues dans ma vie. Sans compter les premières impressions que mes amis actuels ont eues de moi avant que notre amitié se forge.
Je souffre d’un mal qui ne fait pas mal. Il est plutôt méconnu, mais j’ai découvert son nom scientifique réel : RBF, resting bitch face. J’ai l’air bête. Je ne suis pas en colère, fatiguée, triste, snob ou toutes ces réponses. Je suis simplement sérieuse quand j’accomplis quelque chose qui demande un minimum de concentration. C’est aussi banal que de plier des vêtements, écouter la télévision, lire, faire une commande, etc.
J’ai toujours été timide et introvertie. La preuve : quand j’étais très jeune, j’envoyais ma sœur encore plus jeune aller chercher du Ketchup au McDonald’s parce que je ne voulais pas parler à la madame derrière la caisse. Je n’aime pas LE monde, mais j’adore MON monde. Le passage d’un monde à l’autre n’est pourtant pas difficile. Il suffit de montrer un respect mutuel, une ouverture d’esprit, une capacité d’autodérision et un bon équilibre entre maturité et immaturité.
En vérité, j’ai le rire facile et le désir de faire rire. J’aime parler de tout, argumenter avec des gens ouverts, essayer de comprendre les points de vue différents des miens, jouer à des jeux même si je dois me ridiculiser. Évidemment, puisqu’on dit que les contraires s’attirent, j’ai épousé un homme avec un sourire constant et un tempérament amical et chaleureux. Quand nous nous promenons, je regarde tout droit et lui essaie de croiser le plus de paires d’yeux possible pour faire des signes de tête ou dire bonjour à tous ces gens.
Les solliciteurs, les colporteurs, les vendeurs en tout genre, les offres spéciales de carte crédit au taux le plus bas jamais vu n’ont aucune chance avec moi. Je crois détenir une bonne moyenne de retraits contre ces joueurs, le tout avec politesse, dans la mesure du possible. Mon conjoint se fait presque des amis à chaque fois. Il va toujours trouver un moyen aimable de refuser l’offre tout en remerciant quand même la personne et en lui souhaitant une bonne fin de soirée. Pendant ce temps-là, moi, je mange (parce que c’est connu que tout ce quémandage s’effectue pendant l’heure du souper).
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Je suis sauvage et c’est correct comme ça. Je l’aime ma RBF. Je ne manque de respect à personne et je suis sympathique une fois la glace brisée. Je suis généreuse et aidante pour qui en a besoin et je suis heureuse. N’essayez pas de changer les gens s’ils sont bien comme ils sont. Je vous dirais que l’époque où on me disait que j’aurais dû sourire plus ont été les fois où j’ai eu le moins envie de le faire. T’sais, « on n’apprivoise pas les chats sauvages». J’avoue que je suis un peu fière si j’ai réussi à vous mettre la chanson en tête.