Jeudi, 11 h 30, je suis dans une cabine d’essayage du centre-ville. Il fait vraiment beau, tout le monde a l’air d’être dans une pub de Club piscine sauf moi. Moi, j’essaye des shorts dans ma cabine à l’éclairage médiocre pis j’attends que la vendeuse Stacy m’apporte une taille plus grande.
Pour vous la faire courte, j’ai toujours eu des difficultés avec mon corps. Il y a des bouts que j’aime et d’autres que j’aime moins. Et, grand hasard, les bouts que j’aime moins sont ceux que je dois habiller. J’aime bien mes oreilles, mes yeux pis mes mollets. Malheureusement, ce ne sont pas eux qui ont besoin de shorts.
Je n’ai pas porté de short depuis mes 16 ans. Moi, je porte des jupes, des robes ou des shorts style surf, amples et qui vont jusqu’aux genoux. T’sais les shorts, ça moule la cuisse. Ça la souligne même. Pis voir que moi, je veux souligner mes cuisses. Mais là, le hic, c’est que j’ai une fillette qui grandit à la maison.
Ça m’a fait un choc quand j’ai réalisé ça. Je ne veux pas transmettre mes complexes à ma fille. Elle aura malheureusement, mais sûrement des complexes corporels au cours de sa vie. Je veux essayer de lui transmettre que peu importe le corps qu’on a, ça ne doit pas nous empêcher de porter ce qu’on veut.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, je suis dans une cabine d’essayage. J’essaye courageusement des shorts. Debout, le résultat est agréablement surprenant. J’ai la cuisse svelte. Je teste la position assise. Ouin, c’est là le problème. Je regarde mes cuisses écrasées contre l’assise de la chaise, pis maudit que je trouve que le visuel n’est pas flatteur. La couture dans le bas du short s’enfonce dans ma chair, donnant ainsi l’impression que le tissu va exploser. C’est pas chic.
Je me regarde assise dans le miroir de la cabine. La vendeuse vient me demander si tout va bien. Pas tant, mais pas si pire? Je lui réponds que tout va bien. Je me regarde toujours dans le miroir. Réalistement, je sais que mes cuisses sont plus petites que certaines et plus grosses que d’autres. Rien n’est plus sévère que notre propre regard envers nous-mêmes.
Je lance un dernier regard à mon reflet. Ok, j’accepte. J’accepte l’idée que l’image que je perçois est probablement biaisée par les milliers d’images publicitaires retouchées à outrance. J’accepte que j’ai le droit de porter des shorts et de m’asseoir avec sans comparer mes cuisses avec celles de la voisine. J’accepte que c’est mon corps pis that’s it.
Mes cheveux sortent de chez le coiffeur, je n’ai pas de mérite.
Crédit: Marie-Pier G.
La photo, c’est moi dans ma cabine au magasin. Je me trouve belle. Il est possible que certaines d’entre vous trouvent que je chiale pour rien. Moi, je dis que peu importe sa shape, son poids ou son look, il est ben difficile de contrôler ses complexes corporels #NeMelancezPasDeRoches.
Next step, me trouver un maillot de bain.
Avez-vous des complexes dont vous tentez de vous débarrasser?
Ah pis les shorts, je les ai achetés en trois couleurs. Tin toé.