Gris jour de février, sur la route, je fais mon arrêt, puis je repars tranquillement. Direction la maison. Alors que je regarde sur ma gauche et que je suis déjà engagée, l’autre conducteur doit m’apercevoir avec des yeux de chevreuil devant les phares. Il tente de freiner intensément, mais en vain, il me percute de plein fouet. La voiture virevolte dans tous les sens, ma tête percute violemment la portière. J’ai une mini voiture, trop veille pour des coussins gonflables.
Alors que la voiture arrête son envolée, je reprends mes esprits, je lève les yeux dans le rétroviseur et je croise le regard de ma fille complètement figée. Merde qu’est-ce que j’ai fait? Un accident, avec mon enfant, merde…
Je me lève à une vitesse folle, je n’ai qu’une idée : prendre Blanche dans mes bras. Je réussis à la défaire de son banc et, tout à coup, les sanglots qui étaient pris dans nos gorges se déversent. L’autre conducteur sort de sa voiture, je m’excuse, c’est de ma faute ce putain d’accident. Il n’avait pas d’arrêt de son côté. Un instant de panique le prend lorsqu’il voit la petite.
En quelques minutes, pompiers, policiers et ambulanciers envahissent le coin de rue à deux minutes de ma maison, c’est surréaliste. Ma voiture détruite, ma fille affolée, je m’en veux, je me sens comme la mère la plus nulle de la terre. J’ai honte, à quoi j’ai pensé? C’est mon devoir de protéger mon enfant. Les pompiers me font les premiers soins, j’ai la tête qui veut se fendre en deux, le genou complètement détruit. Mais, si vous saviez, j’en ai rien à foutre, mes instincts de mère prennent le dessus. Ma fille, rassurez-moi, elle n’a rien?
Papa J-B arrive enfin, alors que je suis immobilisée sur une civière, je ne peux rien voir de ce qui se passe avec le collet cervical. Il vient rassurer ma fille, qui était, je crois, dans les bras d’un policier. J’ai complètement perdu le contrôle de la situation.
Nous avons droit à un tour d’ambulance en famille. Je voudrais tellement prendre ma fille dans mes bras pour la rassurer et pour me rassurer moi-même… Mais je ne peux pas. L’ambulancier est un vrai humoriste, heureusement. Arrivés aux urgences, vite, rassurez-moi. Verdict, ma fille n’a rien, ouf… La pression redescend.
Même si je vis un moment très pénible avec ma civière, immobilisée, avec un mal de cœur intense, vomir couchée sur le dos sans avoir le droit de se tourner, c’est l’idéal. Le collier cervical me scie le cou. J’ai une envie de pisser si atroce, que dans quelques minutes, je ne pourrai plus me retenir et je devrai laisser couler tout du long de mon pantalon. Ce sera le moment le plus glorieux de toute mon existence… Je pleure tout de même de soulagement, ma fille n’a rien. Je pourrai penser dans les prochaines semaines à me guérir et à me pardonner…
Avez-vous vécu des situations dans lesquelles vous aviez complètement perdu le contrôle?