À l’occasion de la fête des Mères, le Journal de Montréal a publié un article très bien écrit sur l’homoparentalité. Si je ne suis pas fan dudit quotidien, il faut admettre que le journaliste s’y est bien pris pour décrire ma réalité familiale sans préjugés. Ma joie s’est vite dissipée à la lecture des commentaires des internautes.  
 
Aujourd’hui, l’homophobie est relativement critiquée. S’afficher homophobe est aussi glamour que de tenir des propos racistes. Si l’on s’insurge devant la discrimination envers les homosexuels, l’homoparentalité suscite un peu plus de débats.   
 
Peut-être est-ce parce que ça concerne les enfants, mais soudainement #LesGens étaient tous titulaires d’un doctorat honorifique en développement de l’enfant. Comme si avoir une descendance donne le privilège de juger tous les parents et toutes les familles.
 
Le modérateur du site Web a supprimé beaucoup de commentaires. Malgré le ménage, bon nombre de ceux conservés restent discriminatoires. Plus je lis les commentaires, plus j’ai le cœur en miettes. Selon certaines personnes, priver mon fils d’un père dérèglera son développement identitaire. Il n’apprendra pas à protéger sa famille. Il deviendra homosexuel, décrocheur scolaire ou transgenre. Il détestera les hommes, fera une dépression. J’ai arrêté de lire quand une personne a suggéré la stérilisation de tous les homosexuels. Là, je n’y arrivais plus.
 
J’ai toujours cru que la société québécoise était tolérante, que la discrimination, ça n’arrive que chez nos voisins du sud. Pourtant, l’homoparentalophobie semble encore bien présente. Elle est cachée derrière l’anonymat d’un clavier. Elle est aussi dans les conversations grivoises du samedi soir, dans les regards désapprobateurs au restaurant, dans les chuchotements qu’on pense inaudibles. On juge les parents. On plaint les enfants. 
  

Le visage d'un enfant malheureux.
Crédit : Mig Geoff

 
Pour nous réconforter ou nous montrer leur ouverture d’esprit, certaines personnes vantent l’homoparentalité par rapport aux familles dysfonctionnelles. Combien de fois ai-je entendu « Vaut mieux deux mamans qu’un père et une mère violents ». Et si j’avais envie que ma famille ne soit pas une option de dernier recours? Et si ma famille était aussi bonne que n’importe quel autre modèle?
 
Je ne sais pas encore ce que je répondrai à mon fils lorsqu’il rencontrera l’homoparentalophobie pour la première fois. Expliquer les moqueries d’enfants est bien plus facile que l’ignorance et l’intolérance des adultes. Nous tenterons, ma conjointe et moi, d’entourer notre fils d’amour et de respect. Il n’y a qu’avec ça que nous couvrirons le bruit des chuchotements.
 
Et vous, avez-vous déjà vécu des préjugés envers votre famille?