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Quand faire l’amour est un fardeau
Crédit: beeboys/Shutterstock

J’ai toujours eu une forte libido. Dans le couple, c’est moi qui en demandais tout le temps plus. En parlant avec mes amies, j’ai vite compris que ce n’était pas leur cas. Quelquefois par mois, une fois par saison, une fois tous les six mois.

Je ne comprenais pas qu’on puisse être en couple et pas baiser/faire l’amour. J’veux dire, le sexe, c’est une des bases du couple, non? Y’a la communication, bien sûr, mais pas de cul… Ça crée des tensions, non? Jamais relâcher toutes ces hormones que l’on a après l’orgasme était, pour moi, l’équivalent de se priver de dessert après le souper.

Elles évoquaient toutes des raisons différentes, mais pour la plupart d’entre elles, la principale cause du manque d’olé olé dans leur vie, c’était la fatigue. Pourquoi faire l’amour quand je pourrais dormir une demi-heure de plus? Faut faire les préliminaires, l’acte en soi, puis après se laver la région ou le body au complet. Ça prend du temps et de l’énergie qu’elles n’avaient pas nécessairement ou qu’elles préféraient mettre ailleurs.

Je me disais : « Oui, mais on a beau être fatiguée, prendre 15 minutes (une p’tite vite, mettons) pour baiser avant le dodo, c’est pas tant demandant, non? ». J’étais de l’école de pensée qu’il ne faut pas se surprendre si le partenaire va voir ailleurs, quand y’a pas de cul dans son couple. Toujours se faire refuser du cul, il va aller s’en trouver ailleurs, non?

NON! Bien sûr que NON. 

Tranquillement, la routine s’est installée dans notre famille. C’est bon, la routine. Pour des enfants, ça sécurise. Pour le couple, c’est stabilisant, mais un peu écrasant. Ça détruit tranquillement, sournoisement toute spontanéité. Faire quelque chose en couple? Faut trouver une gardienne, la payer, payer la sortie au resto. Pourquoi on ne se commande pas quelque chose en regardant un film à la télé en pyjama? La spontanéité, t’sais.

Puis, tout à coup, je réalise que je ris moins. Cette joie d’être qui me caractérisait si bien n’est plus là. Je suis fatiguée. C’est quoi, cette sensation d’irritabilité qui pogne pour rien, cette lassitude qui m’habite? Tout a l’air gros. J’ai plus tellement faim. Je me réveille souvent la nuit pour penser. Je me lève souvent le matin avec l’envie de rester coucher. Ça fait 2 fois que je suis menstruée et que j’ai fait l’amour… une fois. Moi? Faire l’amour une seule fois en deux mois? Même pas une petite masturbation, là. Rien.

Quand mon médecin m’a dit que j’étais sur la pente de la dépression, je me suis mise à pleurer. Moi, dépressive? C’t’une joke, right? Quoi? Anxieuse en plus? Voyons donc. Ça se peut pas. J’étais en déni. Un peu. Pas longtemps. Juste assez pour me faire prendre du recul puis m’auto-examiner. J’ai cette qualité d’être capable d’introspection, d’essayer de comprendre, de me comprendre.

C’est là que j’ai compris que j’avais tout faux. Le plus important dans le sexe, c’est pas le sexe lui-même, ce sont les préliminaires. Et je parle pas de préliminaires « on se touche les zones érogènes en respirant fort ». Je parle des préliminaires de tous les jours.

Le préliminaire qui dit qu’elle est belle. Celui qui voit qu’elle rush avec le souper et qu’il donne un coup de main. Offrir de dormir un peu plus longtemps le matin, même si c’est son matin de grasse matinée. Prendre l’initiative de passer le balai quand il voit que le plancher est couvert de miettes de toast. Proposer une sortie en amoureux et s’occuper de tout organiser. Regarder un film collés et jouer dans ses cheveux. Demander si ça va et écouter ce qu’elle répondra.

Doucement, ça reviendra. Cette sensation de vouloir de l’autre plus que juste pour des caresses, qui s’accompagnent de ces fourmillements dans le bas du ventre. J’attends ce moment. Je sais que mon chum l’attend aussi, mais il comprend ce que je vis parce que je vois toute la tendresse qu’il y a dans ses yeux quand nos regards se croisent. L’amour qu’il me porte quand il s’inquiète pour moi, sa femme. Cette impuissance qu’il ressent quand il sait que je ne suis pas heureuse.

Ce que la dépression m’a fait comprendre, c’est que l’on peut baiser sans préliminaires, mais que l’amour, le vrai, ne peut survivre sans eux.

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