Ce soir-là, je ne me serais jamais doutée qu’un simple coup de fil de la mère d’un de mes filleuls allait tourner en une discussion aussi sérieuse. Elle avait débuté l’écriture de son testament et m’avait demandé si en cas de décès ou d’invalidité, j’accepterais de devenir la tutrice légale de son garçon? Mon coeur voulait crier oui, mais ma tête lui a demandé quelques jours pour réfléchir.
D’un point de vue juridique, la tutelle dative comprend la protection de la personne et la protection de son patrimoine. Cela peut être la responsabilité d’un même individu ou de deux personnes distinctes.
Même si les probabilités que le tout se concrétise sont faibles, il va de soi que cette décision n’impliquait pas que moi. Nos premières questions ont été d’ordre logistique. Aurions-nous les moyens financiers pour répondre adéquatement à ses besoins? La maison serait-elle assez grande? Aurions-nous un endroit pour lui faire une chambre convenable?
Puis, les questions techniques sont rapidement devenues des questions « existentielles ». Notre couple serait-il assez fort pour s’adapter à un tel changement? Comment réagirait mon garçon face à l’arrivée d’un frère considérablement plus vieux que lui? Mais, par-dessus tout, aurions-nous les compétences pour accompagner un enfant dont l’univers tout entier vient d’être chamboulé? Nous en voudrait-il de devoir déménager dans une nouvelle ville avec une nouvelle école, de nouveaux amis et… une nouvelle famille!? Je dois avouer que toutes ces immenses difficultés me font peur.
Nos discussions nous ont finalement fait réaliser qu’il était impossible de prévoir le futur. Si jamais un grand malheur arrivait, nous y ferions face. Après tout, notre couple n’en était pas à sa première tempête, celle-là en serait une autre à prendre au jour le jour, sans perdre le cap. Pour y arriver, nous savons que nous aurions le soutien de la famille et que, si ce n’était pas suffisant, nous chercherions de l’aide auprès d’intervenants compétents.
Finalement, c’est la certitude que nous serions capables d’apprendre à l’aimer comme notre propre fils qui a pris le dessus sur toutes nos peurs et questionnements. Nous sommes aussi sûrs que nous pourrions lui fournir un environnement équilibré qui respecte ses valeurs.
C’est maintenant à notre tour de poser la question à un membre de la famille et je dois avouer que je ne trouve pas cela facile. Surtout depuis que je connais la pression que ça peut mettre sur quelqu’un. Mais je sais aussi que c’est une grande démonstration d’amour.
Vous a-t-on déjà fait cette demande? Quelle a été votre réaction?